Les Saoudiens ont pris des mesures escalatoires et menaçantes contre le Liban après une déclaration du ministre de l’information George Kordahi décrivant la guerre saoudienne au Yémen comme un échec.
Il s’agissait d’une simple description par rapport à la condamnation internationale de cette guerre qui a provoqué l’une des pires crises humanitaires du 20e siècle. Mais pour Riyad, l’affaire est devenue une excuse pour punir le Liban et s’immiscer dans ses affaires et dans la manière dont ce petit pays gère son gouvernement.
Les Saoudiens exigent, par ces démarches, la démission de Kardahi et peut-être la destitution du gouvernement de Najib Mikati, tout cela alors que Washington reste silencieux face à l’affrontement entre la dictature de Mohammed bin Salman et la fragile démocratie libanaise.
Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis se sont présentés comme le leader du monde libre et le gardien de la démocratie. D’innombrables interventions et guerres ont été menées dans le monde pour “protéger la démocratie et la liberté d’expression” : les invasions de l’Irak et l’occupation de l’Afghanistan et même du Liban en 1982 et 1958 pour n’en citer que quelques-unes. Cependant, il est clair que les objectifs de ces guerres étaient l’influence géopolitique et le gain économique.
Mais croyons, pour le bien de l’argument, Bush, Reagan et Obama dans leurs discours pleins de citations et de slogans sur le changement et un meilleur avenir pour les gens qu’ils tuaient.
3 présidents américains (Obama, Trump et maintenant Biden) ont pris le pouvoir depuis l’arrivée au pouvoir de Mohammed bin Salman et de son père, le roi Salman, en Arabie saoudite, et les trois présidents ont été indulgents à l’égard de leur voisin du Golfe et de ses innombrables exactions (2015 : guerre au début du Yémen alors qu’Obama était encore en poste et avec le soutien total de son administration pour cette agression).
Trump s’est montré plus complice des crimes de Mohammed bin Salman, non seulement en soutenant leur guerre brutale au Yémen, mais en empêchant même toute condamnation du meurtre de Jamal Khashoggi ou de l’enlèvement de l’ancien Premier ministre libanais Saad Hariri.
Biden a pris ses fonctions et l’une de ses promesses était de mettre fin au comportement dérangé de Mohammed bin Salman et d’en faire un “paria”, comme il l’a clairement indiqué dans l’un de ses discours de campagne.
Après des mois passés dans le Bureau ovale, il est clair que ces promesses ne sont rien de plus que des “fantasmes de campagne”, le tout réalisé par quelques applaudissements et une bande-son NEWS.
Au Liban, Biden a aujourd’hui l’occasion d’empêcher la monarchie de déstabiliser l’un des rares pays démocratiques de la région, mais le président américain se range une fois de plus du côté du pétrole et de l’argent plutôt que de l’État de droit.
Ce n’est pas un secret que la démocratie libanaise est imparfaite et basée sur le partage sectaire du pouvoir, mais les gens peuvent toujours voter et exprimer leur opinion librement, même en critiquant le président, autant qu’un Américain critique Trump ou Biden. Les Libanais ont encore un long chemin à parcourir pour atteindre la meilleure démocratie, mais ce pays n’est pas un royaume pétrolier où l’on peut perdre la vie à cause de la colère de l'”Amir” ou du “Cheikh”.
Il ne se passe pas un jour sans que Washington ne condamne la Russie ou la Chine pour leur prétendue ingérence dans d’autres pays, et ne les menace de sanctions et de mesures, tandis que les Saoudiens exercent une pression énorme pour paralyser le gouvernement libanais quelques mois avant les élections de 2022. Le secrétaire Anthony Blinken ne prend pas la peine de demander à son homologue saoudien d’affirmer “l’engagement des États-Unis en faveur de la sécurité et de la stabilité du Liban.” C’est un terme utilisé dans presque toutes les déclarations américaines lorsqu’il s’agit d’imposer des sanctions à des politiciens libanais ou de désigner un parti politique libanais comme un “groupe terroriste.” .