Ce que l’on peut qualifier de “harcèlement et de provocation” de la part de la France à l’égard de l’Algérie est revenu, utilisant certains dossiers sensibles d’une manière qui donne à l’observateur des relations algéro-françaises le sentiment que des questions anormales sont mises sous la table afin de faire avancer des intérêts que l’on croit non résolus.
Et après que les déclarations et les “éditions” médiatiques attaquant les relations algéro-françaises se soient limitées à des diplomates à la retraite et à des politiciens de l’opposition de droite, cette fois l’infection s’est déplacée au niveau officiel avec la sortie du ministre des comptes publics du gouvernement français, Gabriel Atal, pour parler de mesures illégales et inhumaines prises par le gouvernement français à l’encontre de 300 000 retraités algériens, en violation flagrante des dispositions de l’accord de 1968.
Et dans la dernière décision prise par le gouvernement français dirigé par Elizabeth Borne, qui aura des conséquences, il a été décidé de ne plus verser les prestations sociales sur des comptes bancaires hors de l’Union européenne à partir du 1er juillet prochain, selon ce qu’a déclaré le ministre délégué aux Comptes publics, Gabriel Attal, dans une interview accordée au journal Le Parisien.
Cette mesure s’inscrit dans le cadre du plan de lutte contre la fraude sociale lancé par les autorités sociales et vise la catégorie des retraités, notamment ceux résidant hors de l’Union européenne, soit environ un demi-million de retraités, dont plus de la moitié (environ 300.000) pour la seule Algérie.
Une autre procédure sera également lancée, à partir du 1er janvier 2024, qui augmentera de 10% la pénalité pour les manipulateurs, afin de prendre en charge les charges d’étude du dossier, au motif que les Français ne supporteront pas ces dépenses supplémentaires, selon Gabriel Atal, qui a parlé d’un projet sur dix ans visant à atteindre le double des résultats en 2022 et à créer un millier d’emplois supplémentaires au cours des cinq prochaines années.
D’après les chiffres fournis par le responsable français, il est clair que les Algériens seront les plus touchés du fait qu’ils représentent plus de la moitié des personnes concernées par ces décisions “injustes”, qui les obligent à ouvrir des comptes bancaires en France pour bénéficier de prestations sociales qui ne suffisent même pas à payer le billet d’avion pour s’y installer. A cela s’ajoute le coût du logement et de la nourriture pour des personnes très âgées (dont la majorité absolue a plus de soixante-dix ans).
Selon le responsable français, la justification qui a conduit le gouvernement de son pays à prendre une telle décision est que les fonds gaspillés au titre de la fraude aux allocations sociales s’élevaient entre 6 et 8 milliards d’euros par an, ce qui est la justification qui reste illégale, en plus d’être inhumaine et considérée comme une violation de l’accord de 1968 signé entre l’Algérie et la France, qui réglemente la circulation des personnes entre les deux pays et protège leurs droits garantis par la loi.
L’objectif réel de ces décisions est d’obliger les bénéficiaires du système de retraite et d’aide sociale à résider en France pendant au moins neuf mois au lieu de six pour bénéficier des allocations familiales ou du minimum vieillesse, comme l’a confirmé le responsable français, qui a précisé que le gouvernement cherche également à intégrer la carte de sécurité sociale “Vital” et la carte d’identité biométrique afin de réduire l’incidence de la fraude sociale.
Les autorités françaises affirment que des fraudes ont été commises en Algérie pour obtenir des privilèges injustifiés sous le couvert de prestations sociales, sur la base d’une enquête menée en septembre dernier qui a révélé 300 cas sur 1.000 dossiers examinés.
Le départ du ministre français intervient au moment où des doutes assombrissent les relations algéro-françaises en raison de déclarations tendancieuses et racistes d’hommes politiques et de diplomates français appelant le gouvernement français à reconsidérer l’accord de 1968, qui accorde aux Algériens des privilèges en matière de circulation, de travail, d’études et d’exercice de professions libérales en France, contrairement aux autres ressortissants des deux pays. L’autre Maghreb, c’est la campagne menée par la droite et l’extrême droite françaises pour influencer la politique du président français, Emmanuel Macron, qui souhaite établir des relations d’égal à égal avec l’Algérie.