L’acharnement des autorités contre l’association Rassemblement action jeunesse (RAJ) traduit une volonté de faire taire toute opposition.
Dans le centre-ville d’Alger, à deux pas de l’imposante statue de l’émir Abdelkader, figure de la résistance algérienne, les bureaux de l’association Rassemblement action jeunesse (RAJ) n’accueillent plus grand monde. « On évite d’y aller trop souvent car on est surveillé. Il y a toujours des policiers en civil à l’entrée de l’immeuble qui intimident les militants », explique Fouad Ouicher, joint par téléphone.
Le secrétaire général de l’association est lui-même sous le coup de poursuites judiciaires. Arrêté en novembre 2019 à la fin d’une manifestation, Fouad Ouicher a été accusé d’« atteinte à l’intérêt national », puis détenu plusieurs semaines avant d’être libéré en janvier 2020. Comme lui, de nombreux militants du RAJ ont payé le prix fort pour leur engagement dans le mouvement de protestation antirégime qui secoue l’Algérie depuis février 2019. « Onze militants sont poursuivis, neuf ont été emprisonnés et plusieurs sont sous contrôle judiciaire », rappelle-t-il.
Le 26 mai, l’association a même reçu une citation à comparaître devant un tribunal administratif d’Alger à la suite d’une procédure de dissolution engagée par le ministère de l’intérieur, qui lui reproche notamment de mener des activités « en contradiction avec les objectifs énumérés dans les statuts de l’association », a rapporté le RAJ dans un communiqué.
« Nos actions sont ancrées dans le Hirak » – le mouvement de contestation antipouvoir –, explique Abdelouahab Fersaoui, à la tête de l’association depuis 2010. Les membres du RAJ ont joué un rôle important dans le rapprochement des différentes forces de propositions qui sont rassemblées au sein du Pacte de l’alternative démocratique depuis juin 2019.