Alors que la population mondiale dépasse les 7,8 milliards d’individus, certains Français ont décidé de ne pas avoir d’enfants pour ménager l’environnement. Un choix radical sur fond de prise de conscience du réchauffement climatique et d’angoisse pour l’avenir.
Avoir un enfant serait en total désaccord avec mes idées. Je n’en ai jamais voulu et plus le temps passe, plus ça se confirme”, confie Manon, 26 ans, à France 24. “Je ne vois pas l’intérêt d’imposer au monde un sur consommateur de plus. Nous, Occidentaux, consommons déjà au-delà des ressources disponibles”, poursuit la jeune femme. Comme Marion, de plus en plus de jeunes en âge de procréer ont décidé de ne pas faire d’enfants par engagement pour ménager la planète.
Sur les réseaux, ils se disent “childfree” ou “ginks”, contraction de l’anglais pour “green inclinations, no kids” et ils revendiquent leur refus d’avoir des enfants. Des convictions réitérées en vue de la Journée mondiale de la population, célébrée dimanche 11 juillet, issue de la Journée des cinq milliards, célébrée le 11 juillet 1987 dans le but d’attirer l’attention sur l’urgence des questions de démographie.
“Je n’ai aucunement envie de larguer un môme sur cette planète”, explique ainsi la youtubeuse Anna Bogen, suivie par plus de 15 000 abonnés dans une vidéo à succès. “Quand elle arrivera au bout de ses ressources, moi je serai à six pieds sous terre. Mais si j’ai un enfant, lui et sa descendance auront à vivre avec. Je n’ai pas envie d’infliger ça à quelqu’un.” Denis Garnier, président de Démographie responsable, une association fondée en 2009 pour promouvoir une baisse de la natalité, constate qu’en dix ans, le thème de la non-procréation a fait son chemin. “Les jeunes sont plus au fait, grâce à la publication d’études sur le réchauffement climatique et l’émergence des questions d’atteintes à la biodiversité dans le débat public”, raconte-t-il.
Sur le site de l’association, un compteur affiche en temps réel le nombre d’êtres humains sur Terre. Les chiffres défilent. “Nous sommes à peu près 7,8 milliards, c’est déjà trop nombreux. Nous devrions dépasser la barre des 8 milliards d’ici 2022 ou 2023″, rappelle Denis Garnier, préoccupé par le rythme de la croissance démographique en cette Journée mondiale de la population.
“La surpopulation a de lourdes conséquences écologiques. Le calcul est assez simple, plus on est nombreux, plus on émet de CO2, plus le changement climatique s’aggrave”, s’alarme Jean-Loup Bertaux, directeur de recherche émérite au CNRS et auteur de “Démographie, climat, migrations : l’état d’urgence” (Fauves Editions). “En France, un enfant de moins c’est 40 tonnes de carbone par an de gagné. En comparaison, passer à la voiture électrique, c’est 2 tonnes économisées”. Et le scientifique de rappeler que le “jour du dépassement” mondial, calculé à partir de l’empreinte écologique des activités humaines et la “biocapacité” de la Terre, a été atteint le 22 août en 2020. D’après cet indice, calculé par l’ONG américaine Global Footprint Network, l’humanité consomme au-delà de cette date, plus de ressources naturelles que la Terre peut renouveler en douze mois.