Rabat – L’Association marocaine pour la protection des fonds publics (AMPBP) a demandé l’ouverture d’une “enquête approfondie” sur la manipulation des prix du gaz par certaines compagnies énergétiques.
Suite à une réunion de routine du bureau national de l’association, un communiqué a demandé “l’ouverture d’une enquête approfondie concernant les accusations de manipulation des prix des combustibles fossiles par certaines compagnies”.
L’AMPBP a attiré l’attention sur les accusations selon lesquelles certaines entreprises ont importé du gaz de Russie, dont le prix est bien inférieur aux prix fixes internationaux, et ont falsifié des documents et des reçus pour le revendre à des prix plus élevés.
La déclaration décrit cette pratique comme “une exploitation évidente de la crise économique et sociale pour réaliser d’énormes profits”.
Abdelkader Taher, membre de l’Union socialiste des forces populaires (USFP), a récemment demandé une enquête similaire, exprimant ses inquiétudes quant à la manipulation potentielle du marché de l’énergie.
“Certaines entreprises qui importent des produits énergétiques pour approvisionner le marché national ont commencé à importer du diesel russe, car il est 70 % moins cher que les prix fixes internationaux. Les prix du diesel russe ne dépassent pas 170 dollars la tonne”, a déclaré l’homme politique.
Le député a accusé ces entreprises de falsifier des reçus et des documents pour signifier que les ressources provenaient des pays du Golfe ou des États-Unis, afin de tirer des “revenus faramineux” de la vente au consommateur final.
Il a également suggéré que le personnel et les gestionnaires des ports marocains étaient complices de cette activité.
Cette question est d’autant plus importante que les prix des carburants n’ont cessé d’augmenter au cours de l’année écoulée. Depuis le début de la guerre en Ukraine en février 2022, les Marocains ont vu leur pouvoir d’achat sévèrement limité par une forte augmentation des prix de l’énergie et du carburant.
L’augmentation et la frustration ont conduit à des campagnes contre le gouvernement en place, appelant notamment le chef du gouvernement Aziz Akhannouch à démissionner.
L’AMPBP, qui concentre ses activités sur la lutte contre la corruption et le détournement de fonds publics dans le pays, a dénoncé dans sa dernière déclaration ce qu’elle considère comme une prévalence croissante de la corruption et des pots-de-vin dans le pays.
Le Groupe d’action financière (GAFI) a récemment retiré le Maroc de sa liste grise. Bien que l’association ait célébré le retrait du Maroc de la liste, qui indiquait des risques plus élevés de blanchiment d’argent, elle a également suggéré que la corruption et les pots-de-vin sont de plus en plus courants au Maroc.
L’association a demandé la mise en œuvre d’une “stratégie nationale multidimensionnelle” pour lutter contre la corruption et a appelé le ministère de l’intérieur à “abandonner la politique du deux poids deux mesures dans l’application de la loi”.