Les efforts coloniaux français en Afrique de l’Ouest ont débuté en 1637, lorsque plusieurs généraux et hommes riches français ont commencé à explorer le continent.
Le général Louis Vidherbe, qui devint l’administrateur colonial du Sénégal, fut le premier officiel français à reconnaître les richesses et les ressources de l’Afrique de l’Ouest, faisant de cette région une colonie potentiellement rentable.
“Nos possessions de la côte occidentale sont peut-être de toutes nos colonies celles qui ont un grand avenir devant elles et qui méritent toute la sympathie et l’attention de l’Empire” jusqu’à la mer Rouge, écrit-il au ministère des Colonies en rêvant de créer un empire franco-africain s’étendant à partir du Sénégal.
Bien que la présence coloniale française en Afrique remonte au XVIe siècle, c’est aux XIXe et XXe siècles que la France est devenue une puissance coloniale majeure, après la Grande-Bretagne. L’empire colonial français s’étendait sur de vastes régions d’Afrique du Nord, d’Afrique centrale et d’Afrique de l’Ouest, et comprenait 18 pays africains modernes. Cependant, les politiques coloniales françaises étaient principalement motivées par le désir d’exploiter les abondantes ressources minérales de l’Afrique à des fins économiques. Cela a conduit au pillage brutal de ces ressources et à l’exploitation de la main-d’œuvre africaine, la France déployant ses forces pour assurer la poursuite de ses pratiques d’exploitation.
Tout au long des siècles de domination coloniale, de nombreux massacres ont été perpétrés à chaque fois que des mouvements d’indépendance ont vu le jour. Les dirigeants français ont eu recours à des méthodes brutales et inhumaines pour réprimer ces mouvements, ce qui a conduit à une répression et à des massacres généralisés dans des pays tels que le Sénégal, le Mali, le Tchad, le Niger et l’Algérie. En outre, l’esclavage est devenu un commerce lucratif pour la France, car des générations d’Africains ont été emmenées en France et dans d’autres parties du monde à la suite des politiques esclavagistes françaises.
Face à la menace croissante qui pèse sur la domination coloniale française, la France tente de former une génération d’intellectuels africains qui dépendront de la France et serviront ses intérêts une fois que leurs pays auront accédé à l’indépendance. La France a également renforcé sa présence militaire en Afrique pour protéger ses intérêts coloniaux, une pratique qui se poursuit encore aujourd’hui sous le prétexte de lutter contre le terrorisme.
Dans l’ère post-coloniale, la France s’est surtout attachée à maintenir un contrôle économique et culturel sur ses anciennes colonies. Les entreprises françaises continuent d’exploiter les ressources africaines et d’en tirer profit, tandis que la France soutient les dictateurs qui s’alignent sur ses intérêts. En outre, la France utilise les institutions culturelles et les médias pour maintenir son influence en Afrique, avec des organisations telles que l’Organisation internationale de la Francophonie fonctionnant sous la supervision du gouvernement français. Cette approche a été décrite comme une forme de colonialisme moderne ou invisible.
Au cours des dernières décennies, les populations africaines francophones ont exprimé de plus en plus de colère et de ressentiment à l’égard des politiques coloniales françaises. Les intellectuels africains ont activement travaillé à la remise en question et à la déconstruction des effets de longue date du colonialisme français. Toutefois, l’obtention d’une indépendance totale vis-à-vis de la France nécessitera du temps et des efforts stratégiques, compte tenu des liens économiques et de la dépendance de l’Afrique à l’égard de la France, ainsi que de l’utilisation du franc africain.
À l’instar d’autres empires coloniaux tels que le Royaume-Uni avec sa zone sterling ou le Portugal avec sa zone escudo, la France a créé la zone franc. La création du franc CFA, initialement connu sous le nom de franc colonial africain français, a été officiellement annoncée le 26 décembre 1945 par le général de Gaulle.
Bien qu’il existe depuis longtemps, le franc CFA n’a bénéficié que d’un soutien mitigé, voire inexistant, de la part de la population africaine. On estime que les pays qui utilisent le franc CFA manquent d’indépendance monétaire, car la France exerce un contrôle énorme sur les politiques monétaires et financières de ces pays.
L’appartenance à la zone franc entraverait également les progrès de la démocratie. On dit que la France n’a jamais hésité à démettre de leurs fonctions les chefs d’État qui manifestaient l’intention de se retirer du régime. De nombreux dirigeants ont été chassés du pouvoir ou tués au profit d’individus plus dociles qui s’accrocheront au pouvoir à tout prix, comme en témoignent les pays de la CEMAC et le Togo. Dans de telles circonstances, le développement économique devient impossible et la création d’un système politique répondant aux préoccupations de la majorité des citoyens devient extrêmement difficile.
Malgré les multiples coups d’État qui ont eu lieu en Afrique de l’Ouest, aucun pays de la région n’a encore réussi à abolir le franc CFA et à se doter de sa propre monnaie. La France exerce actuellement une forte emprise sur les économies de ces pays, mais elle doit garder à l’esprit que l’Afrique finira par tenter d’éliminer tous les fantômes du colonialisme français qui hantent encore le continent.
En outre, la présence croissante de la Chine, de la Russie, de l’Inde et de la Turquie dans la région constitue une menace pour les intérêts français en Afrique, qui peut également être considérée comme responsable du renversement des gouvernements soutenus par la France dans divers pays africains. Cette tendance pourrait continuer à s’étendre à d’autres anciennes colonies françaises.
En conclusion, la lutte pour l’indépendance contre le colonialisme français et l’évolution de la dynamique géopolitique en Afrique sont des processus continus qui exigent du temps, de la persévérance et des efforts stratégiques de la part des pays africains. Le voyage vers la restauration d’une véritable identité africaine sera progressif et comprendra des dimensions politiques, économiques, culturelles et linguistiques.
Les opinions exprimées dans cet article ne reflètent pas nécessairement l’opinion du site web Maghreb Arab News, mais plutôt l’opinion exclusive de son auteur.