Plus d’une décennie s’est écoulée et le gouvernement de Bahreïn nie effrontément l’existence d’une crise politique et soutient une idéologie sécuritaire stricte et une méthodologie tribale qui se retournera contre lui tôt ou tard.
La première chose qui vient à l’esprit des observateurs après l’accord saoudo-iranien est le reflet de ce rapprochement politique sur Bahreïn et l’aggravation de sa crise pendant 12 années consécutives, en tenant compte de la question de la normalisation avec l’entité temporaire, qui ne peut jamais être contournée.
Au Bahreïn, l’expérience a prouvé que les solutions superficielles ne mènent pas à une solution radicale, mais à une “trêve” temporaire qui sera suivie d’une explosion plus violente et plus sanglante, et c’est ce qui s’est effectivement produit au cours de la période qui a précédé le soulèvement actuel.
S’exprimant à la mosquée Imam Al-Sadiq, que la paix de Dieu soit sur lui, le grand religieux bahreïni Sayyid Abdullah Al-Ghuraifi a souhaité que le mois béni du Ramadan soit consacré au dialogue, à la libération des prisonniers de conscience et à la promotion de la tolérance, commentant : “Quand, si ce n’est pas le cas ? Pendant le mois de Dieu, le pays jouit de la tolérance, de la sécurité et de la sûreté ? ”
Pour sa part, le cheikh Ali Al-Sadadi a appelé, lors de la prière du vendredi, à trouver une solution à la crise politique que traverse le pays depuis des années et à libérer les détenus politiques.
N’est-il pas temps pour ce cher pays de guérir de ses blessures ? N’est-il pas temps de clore les vieux dossiers ? Le cheikh Ali Al-Sadadi a demandé : “Au lieu d’ouvrir des prisons, il faut libérer les prisonniers et ramener les exilés.”
Le dernier rapport d’Amnesty pour 2022 accuse Manama de continuer à restreindre les libertés d’expression et de réunion, et de détenir des citoyens pour avoir exercé ces droits, y compris des dirigeants de l’opposition tels que Sheikh Ali Salman.
Le rapport fait également référence à la torture et aux traitements cruels infligés à de nombreux prisonniers politiques, qui se voient délibérément refuser l’accès aux soins médicaux et subissent des restrictions de leurs droits.
Entre-temps, la Cour d’appel a confirmé un jugement rendu en janvier à l’encontre d’un groupe de détenus de la police, accusés d’avoir “tenté de s’évader de la prison de Jau”, ce qu’ils ont nié, affirmant qu’ils avaient été soumis à la torture et à des interrogatoires illégaux, et qu’ils n’avaient pas pu entrer en contact avec leur famille pendant des mois.
Par ailleurs, les autorités continuent de refuser à Abdulhadi Al-Khawaja, défenseur des droits de l’homme emprisonné, l’accès à un cardiologue, près de quatre semaines après avoir ressenti des palpitations cardiaques et des difficultés à respirer.
Bien qu’il ait accepté les conditions inhumaines (il a été menotté et transporté dans un véhicule militaire, et non dans une ambulance), Al-Khawaja n’a toujours pas été emmené à un rendez-vous.
Al-Khawaja est détenu arbitrairement depuis 2011 en raison de son rôle pacifique dans les manifestations en faveur de la démocratie au Bahreïn. Sa famille a averti à plusieurs reprises que “les autorités utilisent le manque d’accès à un traitement adéquat comme moyen de punition”.
La fille d’Al-Khawaja, Maryam al-Khawaja, a déclaré au Guardian qu’elle ne voulait pas attendre qu’il soit libéré “dans un cercueil”. Elle a également demandé aux autorités danoises d’assurer son évacuation médicale, ajoutant : “Si mon père meurt en prison, je tiendrai le cercueil” : “Si mon père meurt en prison, je tiendrai le gouvernement danois pour responsable au même titre que le gouvernement de Bahreïn.
Il convient de noter que Bahreïn a refusé d’accepter 73 recommandations sur un total de 245 recommandations lors de l’examen périodique universel à la 52e session du Conseil des droits de l’homme des Nations unies, après des discussions approfondies. Au cours de ces discussions, certains pays ont demandé à Manama de ratifier la Convention contre la torture ; mettre en œuvre une législation anti-discrimination ; modifier la loi sur la presse et les médias électroniques afin de renforcer la liberté d’opinion et d’expression.
Plus d’une décennie s’est écoulée, et Manama nie effrontément l’existence d’une crise politique, et adhère à une doctrine sécuritaire stricte et à une méthodologie tribale qui se retournera contre elle tôt ou tard, tandis que l’ensemble de la communauté internationale ferme les yeux et fait la sourde oreille à ce qui a été légitimement impliqué dans ces violations flagrantes. Les crises au Bahreïn révèlent également la fragilité de son parlement et sa séparation totale d’avec le peuple.
Une décennie et demie s’est écoulée et l’opposition n’a jamais cessé d’appeler sincèrement à un dialogue global, à la libération des prisonniers d’opinion, à la consécration des droits politiques et à l’implication du peuple dans la prise de décision par le biais d’un gouvernement élu. Un parlement efficace. Une décennie et demie s’est écoulée, et l’opposition n’a pas ménagé ses efforts, appelant à la fin de l’oscillation – des politiques de discrimination sectaire, de naturalisation politique, et de dissuasion de la mainmise de Manama sur la sécurité.
Malheureusement, tous ces efforts ont été vains. Les slogans de Manama sur la “coexistence” s’appliquent à tous les non-Bahreïnis, y compris les sionistes, à l’exception de la population autochtone. Depuis la réconciliation de Riyad avec Doha, Manama a choisi de poursuivre sa démarche de complot politique, prolongeant ainsi la crise. Il n’y a pas d’espoir à l’horizon à moins que les fonctionnaires sains d’esprit du gouvernement ne répondent aux justes demandes du peuple et ne rompent les relations rejetées par le peuple avec l’entité temporaire.
Les opinions exprimées dans cet article ne reflètent pas nécessairement l’opinion du site Arab Maghreb News, mais plutôt l’opinion de son auteur exclusivement.
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