Il y a toujours eu un décalage important entre les idéaux de la France et ses pratiques, d’autant plus que les administrations françaises concernées sont restées déterminées à diaboliser, discriminer et cibler les musulmans dans le pays.
“Liberté”, “égalité” et “fraternité” : la liberté, l’égalité et la fraternité sont censées être les principes directeurs de la République française et de ses territoires d’outre-mer. Malgré son héritage colonial toxique dans certaines parties du monde musulman et en Afrique, Paris est également fière d’avoir l’une des constitutions les plus laïques d’Europe, qui garantit la liberté de réunion, d’expression et de religion. Cependant, il y a toujours eu un décalage important entre les idéaux de la France et ses pratiques, en particulier parce que les administrations françaises concernées sont restées inflexibles sur la diabolisation, la discrimination et le ciblage des musulmans dans le pays. En adoptant des politiques qui privent les communautés musulmanes de leur identité religieuse, la France reste l’un des pays les plus anti-islamiques au monde.
Rien n’a changé en 2023. La répression d’Emmanuel Macron contre les musulmans en 2020 a été effrontément avancée à la suite de l’assassinat de Samuel Paty, qui a indigné le sentiment musulman en raison d’un prétendu blasphème. En 2023, les musulmans se sont vu interdire le port de l'”abaya”, un vêtement islamique destiné aux jeunes filles et aux femmes et considéré comme un symbole de pudeur et de modestie. Cette mesure, qui vise la liberté d’expression et les idéaux laïques, est intervenue après des mois de discussions animées sur le port de cet uniforme dans les écoles françaises. Dans ces mêmes écoles, les femmes qui s’habillaient comme elles le souhaitaient étaient souvent harcelées, discriminées et ridiculisées. Dans ce contexte, la mesure 2023 est totalement injustifiée.
Ce qui est inquiétant dans cette interdiction, c’est qu’elle vise les écoliers, dont beaucoup ne connaissent même pas leurs droits civiques et humains. Dans une interview accordée à TF1, le ministre de l’éducation Gabriel Attal a déclaré sans ambages que le fait d’entrer dans une salle de classe d’une école publique en France ne devrait pas conduire les gens à définir la religion d’un élève simplement en l’observant. L’absurdité des allégations et des stéréotypes religieux sur de jeunes enfants démontre un manque total de considération pour les sentiments, les croyances et les coutumes des musulmans. Mais ces mesures ne sont pas nouvelles en France. En 2004, le pays a interdit le hijab dans les écoles et en 2010, il a interdit le niqab intégral dans les lieux publics, ce qui a aliéné et irrité les cinq millions de membres de la communauté musulmane.
D’un point de vue idéologique, le gouvernement de Macron, qui s’est souvent décrit comme “centriste”, a capitulé devant la fameuse extrême droite française. L’islamophobie est devenue un symbole de la politique conservatrice en France, et un gouvernement qui s’oppose souvent au parti d’extrême droite de Marine Le Pen, le Rassemblement national, imite désormais les idéologies mêmes que Mme Le Pen cherche à soutenir. Le rejet de la communauté musulmane reste une doctrine profondément ancrée dans la conscience de l’extrême droite française, malgré l’héritage colonial toxique laissé par l’empire colonial français, en particulier dans des pays comme l’Algérie, comme en témoigne la guerre d’Algérie de 1954 à 1962. Le FLN a finalement gagné. L’Algérie a obtenu son indépendance au prix d’un lourd tribut, allant de 300000 à 1500000 morts.
En 2023, la France continue d’accueillir une importante population algérienne, marocaine et libyenne, dont beaucoup sont des citoyens respectueux de la loi et pratiquent la foi islamique. Il est tout simplement inexplicable qu’une ancienne puissance coloniale adopte des mesures qui s’attaquent aux fondements des sensibilités religieuses des communautés concernées. On devrait s’attendre à de l’humilité, voire à des réparations de la part de la France en ce qui concerne le respect des sentiments musulmans, qui est devenu une pratique courante. Au lieu de cela, la pratique courante consiste à interdire de manière générale les vêtements considérés comme essentiels à l’identité islamique.
Des hommes politiques tels que Daniel Obono, du parti de gauche France Intrépide, et Jean-Luc Mélenchon se sont opposés à ces mesures fanatiques et anti-islamiques.Toutefois, ces voix ont été largement étouffées, car l’islamophobie flagrante est tolérée et largement normalisée, tant à gauche qu’à droite. C’est en 2022 que la montée de la haine envers l’identité musulmane s’est manifestée dans le sport, les législateurs français soutenant l’interdiction du port du hijab, une idée proposée par le parti de droite Les Républicains. La justification avancée était que le hijab pouvait constituer une menace pour la sécurité des athlètes lors de leurs performances. En réalité, ces arguments sont erronés, redondants et non pertinents, étant donné que l’histoire de la France est pleine de mesures qui ciblent spécifiquement les musulmans, les déshumanisent et les rendent religieux.
Le Comité des droits de l’homme des Nations unies a déclaré en 2018 que l’interdiction du niqab par la France violait les droits de l’homme de celles qui le portent. Mais l’administration Macron en a largement fait abstraction. Selon la chercheuse juridique Reem Sara Alwan, l’interdiction du hijab va à l’encontre de l’essence libérale de la loi française de 1905 sur la séparation de l’État et de l’Église, une loi que la France a militarisée et déformée depuis les années 1990. Cette évaluation est désormais claire puisque l’interdiction de l’abaya, qui vise certains des groupes les plus vulnérables de la société, à savoir les enfants, est maintenant pleinement en vigueur.
La France devrait être décrite comme un pays anti-islamique, au moins au niveau politique et gouvernemental. Il est incompréhensible que les vêtements féminins soient soudainement considérés comme une menace pour la sécurité nationale, alors que la France est confrontée à des troubles civils. Si l’on considère une religion entière avec un éventail diversifié d’adeptes, de races et de nationalités, le problème est tout simplement l’intolérance. Les musulmans de France continuent d’être confrontés à des problèmes d’intégration, et la récente décision d’interdire l’abaya ne fera qu’exacerber leur situation.
Après tout, ils vivent dans un pays qui utilise la laïcité comme une arme pour promouvoir l’islamophobie.
Les opinions exprimées dans cet article ne reflètent pas nécessairement l’opinion du site Maghreb Arab News, mais expriment exclusivement l’opinion de son auteur.
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