Les déclarations d’un éminent diplomate français, Maurice Bordeaux Montagne, , ancien secrétaire général du ministère français des affaires étrangères, révèlent l’importance que Paris attache à l’Algérie dans sa politique étrangère, l’Algérie et l’Allemagne étant considérées comme les deux principaux pays dont la France dépend pour maintenir la stabilité et la paix en Afrique et en Europe.
Montagne a déclaré dans une interview accordée à une chaîne satellitaire du Golfe : “Je crois que les relations entre la France et l’Algérie sont des relations particulières : “Je crois que les relations entre la France et l’Algérie sont des relations particulières, comme me l’a dit l’un des ambassadeurs lorsque j’ai commencé à travailler dans le service diplomatique. Il y a deux pays qui sont importants pour la France, tout d’abord l’Allemagne, qui est considérée comme la base de la stabilité et de la paix en Europe.
Quant au “deuxième pays, c’est l’Algérie, parce que la relation avec l’Algérie n’est pas seulement une relation entre deux Etats, mais il y a aussi une relation entre deux peuples, et nous avons en France beaucoup de Français d’origine algérienne et nous avons beaucoup de sentiments dans les deux pays, et cette relation est difficile et a connu des moments très douloureux, et il faut y travailler”. Il faut reconstruire la confiance autour de projets communs pour donner confiance aux nouvelles générations, ce qui doit être fait”.
Montagne, qui a été conseiller principal de l’ancien président français Jacques Chirac, a parlé de l’importance des autres pays du Maghreb, comme la Tunisie et le Maroc, dans la politique étrangère de son pays, mais il les a placés au second rang en termes d’importance par rapport à l’Algérie, se contentant de parler de l’importance de leur rôle pour faire de la “mer Blanche” une région de paix et de stabilité”, comme c’était le cas à l’époque romaine, a-t-il affirmé.
Les propos du plus important diplomate français de ces trente dernières années coïncident avec ce qu’a confirmé le journal “Le Monde”, à propos du témoignage contenu dans le livre de l’ancien ambassadeur de France en Algérie, Xavier Driancourt, dans son livre “Le puzzle algérien”, qui, parmi ce qui y est dit, est que l’Algérie considère que les rouages de l’Etat français sont une affaire intérieure, justifiant cela par la présence de millions d’Algériens sur le sol français.
Cependant, Maurice Bordeaux Montagne, qui a précédemment dirigé le cabinet de l’ancien Premier ministre français, Alain Jobe, interrogé sur la gestion controversée par son pays du passé colonial en Algérie, a évité de s’étendre sur cette question sensible, et a commencé à parler des mesures annoncées par le président français. Le président français, Emmanuel Macron, s’est exprimé sur l’implication de l’armée française dans les crimes qui ont coûté la vie à la race tutsie dans la République du Rwanda.
Bien que la question porte sur le passé colonial de son pays en Algérie, le diplomate français à la retraite n’a pas abordé, ne serait-ce qu’un seul mot, la question de la mémoire dans une esquive remarquable qui indique la grande sensibilité de ce dossier du côté français en raison de l’embarras qu’il contient, et il a répondu en disant que “la marche de l’histoire doit l’adopter brique par brique, parce que l’histoire est entourée de beaucoup de sentiments et donc le travail doit être fait lentement…”. Un travail a été fait avec le Rwanda concernant le génocide des Tutsis et des déclarations ont été faites à ce sujet. Et je pense que le temps est suffisant pour aborder cette question, et nous devons maintenir le dialogue….”
La réponse n’a pas été à la hauteur de ce que l’on attendait de ce diplomate, qui a été ambassadeur en Allemagne, en Grande-Bretagne, en Chine et au Japon avant de prendre sa retraite et qui est secrétaire général du ministère des Affaires étrangères sous l’actuel président Emmanuel Macron, et il n’a même pas évoqué l’existence d’une commission mixte composée d’historiens algériens et français, comme il le croyait. Avec la difficulté de parvenir à un accord sur la mémoire, compte tenu de la dérobade de la partie française à assumer ses responsabilités historiques en la matière.
Le président Abdelmadjid Tebboune avait adressé des messages forts à la France lors de sa récente visite en Russie, en demandant à Moscou d’aider à nettoyer les zones contaminées par les explosions nucléaires effectuées par l’armée d’occupation française dans le sud du pays, une tâche qui aurait dû être entreprise par Paris, puisqu’elle en est responsable. Le premier concerne la catastrophe humaine et environnementale causée par ces explosions, qui continuent aujourd’hui encore à tuer des hommes et des animaux et à polluer l’environnement.