Le président de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) et du mouvement Ennahdha répond à Kais Saied sur la volonté de ce dernier à vouloir revenir à la Constitution de 1959.
Interviewé, lundi 21 juin, par l’Agence de presse allemande dpa, Rached Ghannouchi a fait savoir « qu’il exclut tout retour en arrière » et « qu’il est hors de question de revenir à la constitution de 1959 ».
« Le peuple tunisien a choisi la liberté et il n’est pas disposé à renoncer à cet acquis, il n’y aura pas de retour à la dictature » a-t-il ajouté, estimant que les peuples doivent aller de l’avant et que le fait de revenir à la constitution de 1959 serait un pas en arrière pour la Tunisie ».
Le président de la République, Kais Saied, a émis, récemment, le souhait de changer la constitution. « La constitution de 2014 s’est avérée inappropriée, il y a des blocages au niveau des institutions constitutionnelles, et des cadenas au niveau de chaque article» , a-t-il réitéré, hier lors d’une entrevue avec l’ancien dirigeant d’Ennahdha, Lotfi Zitoun.
Les intentions du Chef de l’Etat prônent un retour à la Constitution de 1959 en y introduisant quelques modifications avant de la proposer à un référendum. Ils prônent également un changement du système politique et du système électoral.
Lors de la réunion du 15 juin entre Kais Saied, le chef du gouvernement actuel, Hichem Mechichi ainsi que les anciens, Ali Laarayedh, Elyes Fakhfakh et Youssef Chahed, Kais Saied avait, en effet évoqué la nécessité d’effectuer des réformes politiques touchant le Code électoral et certains articles de la Constitution. Selon lui, le système actuel a montré ses limites en menant à de nombreux blocages.
Il avait d’ailleurs appelé Ali Laarayedh, Elyes Fakhfakh et Youssef Chahed à réfléchir à des réformes profondes du système politique, estimant que la Constitution actuelle est verrouillée et ne permet pas de gouverner sans calculs politiques.
Cette intention de revenir à la Constitution de 1959 a été largement critiquée au sein de la sphère politique, mais Kais Saied a tenu à faire savoir que la Constitution de 2014 a prouvé qu’elle n’était pas adaptée au contexte actuel, soulignant que sous « l’ancien régime, le problème ne résidait pas dans le texte constitutionnel mais dans l’absence de pluralité politique, puis un multipartisme de façade ».
« Aujourd’hui, nous sommes passés du parti unique au lobby unique, où un ensemble de personnes tirent les ficelles dans l’ombre », a-t-il ajouté, rappelant que la Révolution a eu lieu afin de mettre fin à ces pratiques et pour que le peuple prenne le pouvoir ».
Saïed est revenu sur sa conception du pouvoir décentralisé, selon une construction de la base au sommet avec un programme qui sera l’émanation de la population, et l’élection de responsables régionaux qui auront à rendre des comptes ; s’ils n’honorent pas leurs engagements, la confiance leur sera retirée.
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