Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a remis en cause la crédibilité des rapports de Reporters sans frontières (RSF) sur la liberté de la presse en Algérie, estimant que son classement est soumis aux caprices des dirigeants de l’organisation et ne tient pas compte des réalités du terrain.
Dans des extraits diffusés par les médias officiels lors de sa rencontre avec les directeurs de journaux à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, le président Tebboune a estimé que se focaliser sur l’idée que l’Algérie n’est pas un pays de liberté de la presse est une calomnie à l’égard de la nation et une injustice à l’égard de son peuple.
Selon M. Tebboune, RSF reste une organisation non gouvernementale et ces organisations sont soumises aux individus qui les dirigent. Tebboune a souligné que les seuls classements qui vaillent sont ceux des Nations Unies (ONU) et de ses institutions.
Tebboune a critiqué RSF bien qu’il ait reçu le représentant de RSF pour l’Afrique du Nord, le journaliste Khaled Drareni, lors du même événement.
Dans une déclaration à Al-Quds Al-Arabi, Drareni s’est exprimé à ce sujet : “J’ai rencontré le président de la République porteur d’un message de Reporters sans frontières en Afrique du Nord. Le dialogue entre nous a duré cinq minutes, au cours desquelles j’ai demandé au Président de libérer le journaliste Ihsane El-Kadi“.
Le classement établi par RSF à la veille de la Journée mondiale de la liberté de la presse place l’Algérie au 136e rang mondial, considérant que la presse en Algérie est limitée par de nombreuses lignes rouges. Les médias indépendants sont continuellement soumis à des pressions, tandis que les journalistes sont régulièrement emprisonnés ou poursuivis, sans parler des mesures de blocage imposées à de nombreux sites web.
Le rapport estime que le cadre législatif algérien restreint de plus en plus le travail journalistique. Si l’article 54 de la Constitution garantit la liberté de la presse, il impose aux médias le respect des “constantes de la nation et de ses valeurs religieuses, morales et culturelles” : “Les constantes de la nation et ses valeurs religieuses, morales et culturelles”.
Le code pénal, amendé en 2020, a également été critiqué, qui prévoit désormais, selon le RSF, une peine de prison allant de un à trois ans pour : “Quiconque publie ou promeut délibérément, par quelque moyen que ce soit, des nouvelles ou des informations fausses et malveillantes susceptibles de porter atteinte à la sécurité et à l’ordre publics.”
Selon l’organisation non gouvernementale, cette disposition est régulièrement utilisée pour poursuivre des journalistes, ce qui entraîne une censure généralisée.