Rabat- Le président français Emmanuel Macron se rend en Algérie, du 25 au 27 août, après avoir accepté l’invitation du président algérien Abdelmadjid Tebboune.
La France a annoncé dans un communiqué du 20 août que la rencontre aura pour objectif “d’approfondir les relations bilatérales tournées vers un avenir bénéfique pour les deux populations, de renforcer la coopération franco-algérienne sur les enjeux régionaux, et de poursuivre le travail de traitement du passé.”
Cette visite diplomatique intervient une semaine après que le roi Mohammed VI ait souligné dans son discours pour le 69e anniversaire de la Révolution du Roi et du Peuple que “la question du Sahara est le prisme à travers lequel le Maroc regarde le monde.”
“J’attends donc de certains États parmi les partenaires traditionnels du Maroc, ainsi que de nouveaux, dont les positions concernant la marocanité du Sahara sont ambiguës, qu’ils clarifient leurs positions et les reconsidèrent d’une manière qui ne laisse aucune place au doute”, a déclaré le roi Mohammed VI.
Si l’invitation indirecte pour que la France réaffirme sa position sur le Sahara occidental était forte et claire, la visite de Macron en Algérie a peu de chances de produire la réponse souhaitée par Rabat de la part de la France.
Depuis le début de la guerre en Ukraine, l’Algérie est devenue un allié recherché par les pays européens en raison de ses importantes réserves de gaz naturel.
Malgré les indications françaises selon lesquelles aucune transaction gazière n’est prévue pendant le voyage, la directrice du groupe énergétique français Engie, Catherine MacGregor, fait partie de la délégation diplomatique.
Selon les chiffres d’Eurostat pour 2020, l’Algérie était le troisième plus grand exportateur de gaz naturel vers l’Europe.
Si la France espère effectivement stimuler son approvisionnement en gaz par le biais d’un accord avec l’Algérie, il est peu probable que Paris émette des avis favorables à la position du Maroc sur le conflit du Sahara occidental.
Le géant gazier algérien Sonatrach a récemment menacé d’augmenter le prix de ses exportations de gaz vers l’Espagne suite à la décision du Premier Ministre espagnol Pedro Sanchez d’approuver le plan d’autonomie du Maroc comme la résolution la plus sérieuse du conflit.
Depuis lors, le groupe gazier espagnol Enagas a fait état d’une baisse de 41,11 % des importations de gaz algérien pour les deux premiers trimestres de 2022 par rapport à l’année dernière.
Un autre sujet qui pourrait être abordé lors de cette visite de trois jours est la réduction controversée des visas mise en place par le gouvernement français à partir de septembre 2021 concernant l’Algérie, le Maroc et la Tunisie.
La France a décidé de réduire drastiquement le nombre de visas qu’elle délivre, pour exiger des pays maghrébins qu’ils facilitent l’expulsion de leurs citoyens vivant sans papiers en France.
La France et l’Algérie ont déclaré qu’elles étaient prêtes à discuter de cette question. Paris a indiqué que depuis mars 2022, Alger a délivré 300 laissez-passer consulaires, loin des 17 laissez-passer délivrés en 2021 au cours de la même période.
L’éminent écrivain marocain Taha Ben Jelloun a publié un article d’opinion dans le journal français Le Point, décrivant Macron comme “obsédé” par la réparation des relations historiquement difficiles de la France avec l’Algérie.
L’écrivain voit la visite de Macron comme “sacrifiant la bonne entente avec le Maroc dans l’espoir d’obtenir des militaires algériens de meilleures dispositions envers son pays.”
Tebboune a déclaré lors d’une conférence de presse après le premier jour de la visite de Macron que les deux pays avaient discuté de la Libye, du Mali, du Sahel et du Sahara occidental “ce qui nécessite des efforts conjoints pour consolider la stabilité régionale.”
Mustapha Salma Ould Sidi Mouloud, ancien chef de la police du Front Polisario et dissident politique, a écrit dans un post sur Facebook que les déclarations émises pendant ou après la visite de Macron en Algérie n’auront pas d’impact sur la situation au Sahara occidental.
Les deux présidents ont décrit la visite de Macron comme une “visite officielle d’amitié”, mais les discussions sur la “coopération franco-algérienne sur les questions régionales” pourraient avoir un impact sur la relation diplomatique franco-marocaine.