Un nouveau projet de loi sur les médias en Algérie, qui imposerait des restrictions aux règles de propriété des médias et obligerait les journalistes à renoncer à leurs sources, a suscité l’inquiétude des groupes de défense des droits de l’homme.
Le 28 mars, la chambre basse du Parlement a approuvé à une écrasante majorité la proposition de loi, tandis qu’un vote de la chambre haute est attendu jeudi.
Selon le média Jeune Afrique, une nouvelle autorité de régulation “indépendante” sera créée pour superviser les médias, tant imprimés qu’électroniques.
L’autorité sera composée de 12 personnes, dont six seront choisies par le président, selon Jeune Afrique.
En outre, le projet de loi interdit à tout média algérien de recevoir une “aide matérielle” directe ou indirecte de sources étrangères. Toute violation de la loi pourrait entraîner une amende d’un à deux millions de dinars (7 400 à 14 739 dollars), selon le rapport.
Khaled Drareni, représentant de Reporters sans frontières (RSF) pour l’Afrique du Nord, a déclaré que l’effet de ces lois “ne sera pas positif” sur le journalisme dans le pays.
“Derrière cette loi, il y a une volonté claire de contrôler davantage le monde des médias et de l’information en Algérie”, a-t-il déclaré à Al Jazeera depuis la capitale Alger.
M. Draneni a déclaré que la tentative du projet de loi de définir et d’imposer des restrictions sur les personnes qui peuvent être qualifiées de journalistes était également problématique.
Le projet de loi interdit également aux doubles nationaux d’investir dans tout ou partie d’un média, tandis que tout journaliste travaillant dans le pays pour une publication ou un média étranger sans accréditation appropriée se verra infliger une amende comprise entre 500 000 et un million de dinars (entre 3 700 et 7 400 dollars).
Les journalistes sont également invités à ne pas se livrer à “l’apologie du racisme, du terrorisme, de l’intolérance et de la violence”, ni à participer à quoi que ce soit qui jette le discrédit sur “les symboles de la guerre de libération nationale”.
Selon le classement mondial de la liberté de la presse 2022 de RSF, le pays nord-africain se situe à la 134e place sur 180 pays et territoires.
Le silence des médias
Drareni de RSF estime qu’il aurait été bénéfique pour les autorités algériennes de consulter “des professionnels qui ont des choses utiles et pertinentes à dire”.
“Ce code [proposition de loi] donne un caractère légal à une volonté politique d’imposer une sorte de silence médiatique total qui contrevient … aux dispositions de la Constitution sur le droit à l’expression et la protection des journalistes”, a-t-il déclaré.
La politique du gouvernement algérien à l’égard des journalistes fait l’objet d’un examen de plus en plus minutieux depuis l’arrestation du célèbre journaliste Ihsane El Kadi, qui a été condamné à trois ans de prison pour “financement étranger de son entreprise”.