Il n’y aura pas de retour à la retraite proportionnelle et sans condition d’âge. C’est le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, El Hachemi Djaaboub, qui l’a affirmé, ce jeudi, à l’Assemblée populaire nationale (APN), à l’occasion d’une plénière consacrée aux questions orales.
Décidé en 2016 (en vigueur depuis le 1er janvier 2017), la fin de la retraite proportionnelle et sans condition d’âge reste décriée par plus d’un, notamment les personnes ayant, par exemple, réuni 32 ans de durée de travail.
«La procédure de départ à la retraite proportionnelle et sans condition d’âge est intervenue dans une conjoncture exceptionnelle en 1997 en raison de la situation économique qu’avait connue le pays suite à l’application du programme du FMI, qui a entraîné la fermeture de nombreuses entreprises et le licenciement d’un grand nombre de travailleurs», a signalé le ministre, qui a tenu à rappeler que cette procédure, «qui a profité à plus d’un million de personnes», a-t-il précisé, «a mis à mal l’équilibre financier de la CNR et créé, dès 2013, un déficit structurel». Une situation, ajoute-t-il, qui a obligé la Caisse nationale des retraites (CNR) à solliciter «l’aide de différentes caisses de la Sécurité sociale et du Fonds national d’investissement (FNI) pour assurer le versement des pensions de retraite».
Il est à rappeler qu’au mois de mars de l’année dernière, le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, avait décidé de la mise sur pied d’un «groupe de travail interministériel chargé d’élaborer des propositions de réforme du système des retraites». Le gouvernement avait indiqué que le déficit de la CNR, «qui était de 601,11 milliards de dinars, pourrait atteindre 1093,4 milliards à l’horizon 2030».
D’ailleurs, en 2019, les autorités ont autorisé le Fonds national d’investissement (FNI) à octroyer des crédits à la CNR pour faire face à ce déficit.
Instauré depuis 1997, la retraite proportionnelle et sans limite d’âge a été supprimée en 2016. En effet, la loi n° 16-15 du 31 décembre 2016 modifiant et complétant la loi n° 83-12 du 2 juillet 1983 relative à la retraite, qui est entrée en application le 1er janvier 2017, stipule que «le travailleur prétendant au bénéfice de la pension de retraite doit obligatoirement réunir les deux conditions suivantes : être âgé de soixante ans, au moins.
Toutefois la femme travailleuse peut être admise, à sa demande, à la retraite à partir de l’âge de cinquante-cinq ans révolus ; avoir travaillé pendant quinze ans, au moins».
La même loi a toutefois établi une période transitoire de deux années (2017 et 2018) durant laquelle «le bénéfice de la pension de retraite peut être accordé avec jouissance immédiate lorsque le travailleur salarié a accompli une durée de travail effectif ayant donné lieu au versement de cotisations égales à trente-deux ans au moins, et atteint ou dépassé l’âge minimal fixé ci-après : cinquante-huit ans en 2017, cinquante-neuf (59) ans en 2018».
En dernier lieu, il faut signaler que certains spécialistes ne sont pas convaincus par les explications données par les responsables du secteur. «Depuis des années, ce leitmotiv de 5 cotisants pour un retraité pour assurer l’équilibre de la CNR nous est asséné par les différents responsables du secteur de la Sécurité sociale, relayés par des (spécialistes) qui, le moins que l’on puisse dire, ignorent tout du mode de fonctionnement de la Sécurité sociale en Algérie et de celui d’un système de retraite par répartition en général», a indiqué l’expert en politique sociale, Nouredine Bouderba, dans une contribution qu’il a publié le 16 janvier. «Ces déclarations répétées ne visent, en réalité, qu’à passer sous silence les véritables causes du déséquilibre financier de la CNR, que je pourrais résumer comme suit : le pilotage à vue du secteur, mauvaise gestion des caisses qui s’opère dans l’opacité totale, évasion sociale, absence d’une politique de mobilisation de ressources au profit du système de sécurité sociale et enfin imputation aux caisses de dépenses indues qu’elles ne devraient pas prendre en charge», avait-il ajouté.