Rabat – Une pétition en ligne intitulée “Oui à la justice linguistique au Maroc et non au français”, qui vise à abandonner le français comme langue principale d’enseignement et de conduite des affaires, a relancé le débat sur la nécessité pour les institutions marocaines – en particulier les écoles et les universités – d’abandonner le français comme principale langue étrangère.
Le texte de la pétition indique que l’enseignement du français aux enfants dès leur plus jeune âge “s’apparente au dernier clou du cercueil des générations actuelles et futures, les condamnant à un échec garanti.”
Selon l’organisateur de la pétition, qui se fait appeler Abdenasser B., les élèves sont effectivement forcés d’apprendre une langue qui limite leurs possibilités dans un monde où d’autres langues dominent de plus en plus le français.
Il a également fait valoir que l’adoption du français est le signe d’un abandon de l’histoire et des traditions du pays. La pétition appelle à une adoption accrue de l’arabe dans les usages et documents officiels du gouvernement, ainsi que dans l’enseignement.
“L’utilisation du français comme langue d’enseignement est un signe d’irrespect pour la direction, les valeurs, la constitution et la langue du pays”, indique le texte de la pétition.
La pétition a jusqu’à présent recueilli plus de 5500 signatures dans la semaine suivant sa création, s’approchant ainsi de son objectif de 7 500 signatures avant d’être présentée aux autorités compétentes.
Le hashtag, #NoToFrench, a également été largement utilisé sur les médias sociaux pour soutenir la campagne, ajoutant à une conversation qui dure depuis des années sur le statut du français au Maroc.
Alors que l’anglais continue d’être la langue dominante dans le monde pour les transactions commerciales et l’éducation internationale, les Marocains espèrent que le Maroc s’éloigne du français après des décennies de francophonie.
La pétition coïncide également avec les tensions diplomatiques qui se développent entre Paris et Rabat en raison de la décision de la France de réduire considérablement le nombre de visas délivrés aux Marocains, ainsi que de la récente visite apparente du président Macron en Algérie.
Le Maroc a récemment été actif dans la diversification de ses relations, en augmentant la coopération avec des partenaires américains et d’autres partenaires non francophones. Cela a incité de nombreux citoyens et commentateurs marocains à considérer que ce n’est qu’une question de temps avant que l’anglais ne remplace effectivement le français dans le pays.