Rabat – La santé mentale au Maroc s’est détériorée au cours des deux dernières années. Selon le Réseau marocain pour la défense du droit à la santé et du droit à la vie, on estime que 26 % des Marocains âgés de 15 ans et plus ont souffert de dépression à un moment donné de leur vie.
Les données du réseau indiquent que 9% des Marocains souffrent d’anxiété au cours de leur vie, tandis que 5,6% souffrent de troubles mentaux et 1% de schizophrénie. Le réseau a attribué l’augmentation des problèmes de santé mentale à plusieurs raisons, notamment la crise du COVID-19.
“Il ne fait aucun doute que le taux de troubles mentaux au Maroc a augmenté de manière significative, en raison des vestiges de la pandémie COVID-19”, a déclaré le réseau, soulignant l’augmentation du taux de suicide dans le pays.
Parmi les autres facteurs figurent la détérioration des conditions socio-économiques, notamment le chômage, les problèmes familiaux, les divorces, la violence domestique et la toxicomanie, ainsi que les abus physiques, sexuels et mentaux.
Ces données “effrayantes et alarmantes” appellent une intervention urgente, a insisté le réseau, ajoutant que le ministère de la santé devrait s’attaquer activement aux problèmes de santé mentale au Maroc et répondre aux demandes de ceux qui souffrent.
Des lacunes dans les soins de santé mentale
Le réseau a souligné le manque de capital financier et humain, d’infrastructures, de médicaments et de soins de réadaptation du système de santé marocain.
La capacité des hôpitaux psychiatriques au Maroc ne fournit que 2 500 lits entre les secteurs public et privé. Environ 50% des lits sont situés dans les régions de Casablanca-Settat et Rabat-Sale-Kenitra.
“La situation est encore exacerbée au niveau des ressources humaines spécialisées et qualifiées dans le domaine de la santé mentale”, a ajouté la source. Le Maroc ne possède que 343 psychiatres, 214 psychologues, 16 pédopsychiatres, 1 335 infirmiers psychiatriques, 14 assistants sociaux et 64 médecins pouvant assurer le traitement des addictions.
Le réseau a fait valoir que le budget global de 6% alloué aux programmes de santé mentale ne répond pas aux exigences nécessaires pour mettre en œuvre les réformes du ministère de la santé.
Le réseau a également souligné la “stigmatisation, la discrimination et la violation des droits de l’homme” dont souffrent également les Marocains atteints de troubles mentaux, dans un pays qui ne donne pas la priorité à la santé mentale.
Le réseau a appelé le ministère marocain de la Santé et de la Protection sociale à mettre en œuvre des “mesures efficaces” pour assurer le bien-être physique et psychologique des Marocains.
Il a notamment suggéré d’augmenter le budget alloué aux réformes de la santé mentale et d’investir dans la construction et l’équipement d’hôpitaux et de centres médicaux dans toutes les régions du Maroc.
Le réseau a également souligné l’importance d’investir dans un capital humain qualifié, de sensibiliser à la santé mentale, ainsi que d’accroître l’accès aux soins pour ceux qui en ont besoin.