Une jeune Italo-marocaine a été condamnée à trois ans et demi de prison ferme par le tribunal de Marrakech pour « atteinte à la religion islamique », après avoir publié des phrases jugées blasphématoires, imitant des versets du Coran, sur Facebook, a appris mercredi l’AFP auprès de sa famille.
Arrêtée mi-juin à l’aéroport de Rabat alors qu’elle arrivait de France où elle étudie la médecine, la jeune femme de 23 ans « ignorait » qu’elle faisait l’objet d’un mandat d’arrêt, a indiqué son père qui a requis l’anonymat et qui ne souhaite pas divulguer le nom de sa fille.
Elle avait partagé en avril 2019 sur Facebook un texte en arabe imitant un extrait du Coran « sans en connaître l’objet, car elle ne maîtrise pas la langue arabe », a-t-il affirmé.
Les poursuites ont été enclenchées après le dépôt d’une plainte par une association religieuse de Marrakech. La jeune femme a été condamnée lundi à trois ans et demi de prison ferme, ainsi qu’à une amende de 50.000 dirhams pour « atteinte à la religion islamique », selon la même source.
« Je lui ai rendu visite aujourd’hui, elle est complétement brisée, ils ont détruit son avenir », a regretté son père. « De quels droits ces gens se sont-ils érigés en gardiens de la religion? »
La famille a fait appel du jugement.
L’article 267 du Code pénal marocain punit de six mois à deux ans de prison « quiconque portant atteinte à la religion islamique ». La peine est portée à cinq ans si l’infraction est commise en public « y compris par voie électronique ».
Le texte de loi punit également toute « atteinte au régime monarchique » et l’incitation « à porter atteinte à l’intégrité territoriale ». Les défenseurs des droits humains dénoncent ce texte car, entre autres raisons, la formulation des articles de loi « ne spécifie pas concrètement les faits qui pourraient constituer une atteinte ».