Comment la Haute Autorité de la communication audiovisuelle (Haca) contrôle-t-elle le passage des représentants des partis politiques sur les médias audiovisuels pour présenter leur programme électoral ?
La réponse à cette question, susceptible d’être posée par tout citoyen, est donnée, mardi à Rabat, par Latifa Akharbach, présidente de cette Autorité, lors d’une conférence consacrée au rôle et à l’action de la Haca en matière du pluralisme politique dans les radios et télévisions.
Un calcul de temps minutieux
«Nous calculons le temps donné à l’intervenant et nous voyons avec la chaîne si celui-ci a eu plus de temps par rapport à d’autres pour se rattraper par la suite», explicite-t-elle. Mieux encore, la présidente précise également que la structure qu’elle chapeaute dispose d’une «expertise pour calculer minutieusement la durée des interventions dans les journaux télévisés (JT) et les radios ainsi que les chaînes privées». En d’autres termes, c’est la seule Autorité qui peut dire qui dit quoi. Par l’occasion, elle s’exprime, entre-temps, sur un relevé du pluralisme qui détecte la durée d’intervention des personnalités politiques, syndicales et associatives. Le tout en détaillant le processus de contrôle.
De la pré-campagne jusqu’à la fin des élections
Tel que l’explique l’oratrice, l’intervention de la Haca commence, cette année, depuis la période de la pré-campagne, soit à partir du 1er août jusqu’au 7 septembre, la veille des élections. Aussi, la responsable, qui évoque les règles imposées sur les programmes de chaînes, s’exprime rappelle un décret du gouvernement qui décide des chaînes qui doivent diffuser les émissions sur les élections. «Les chaînes privées ne sont pas, cependant, tenues d’en parler. Si elles font ce choix, elles sont responsables devant la Haca. Nous allons suivre tous les programmes ayant trait aux élections pour garantir aux citoyens les bonnes conditions d’accès à l’information», ajoute-t-elle. Quant à la campagne officielle, elle démarre, comme elle en fait le rappel, du 26 août. A ce moment-là, la Haca «contrôle le respect, par les chaînes des règles réglementaires et du décret relatif à l’usage des mass médias lors des campagnes». «Nous ne sommes pas responsables des contenus mais nous les contrôlons quand même», enchaîne-t-elle. La présidente, qui énumère les passages des représentants des partis politiques dont la diffusion de capsules, indique que le temps de passage de ceux-ci lors des JT est également calculé en réponse à la durée fixée par ledit décret.
Taux de la durée de passage sur les chaînes
Selon Mme Akharbach, 50% de la durée consacrée, à un premier groupe, par les chaînes est partagée à égalité entre les partis politiques ayant un groupe dans les deux Chambres du Parlement. Quant au deuxième groupe, il compte les partis qui n’ont pas de groupe et se taille 30% de l’ensemble de la durée de diffusion. Au moment où le troisième groupe, composé des tous les partis politiques qui ne sont pas représentés dans le Parlement, dispose de 20% de la durée de diffusion.
Les recommandations de la Haca
«Nous recommandons aux chaîne d’accompagner les partis politiques en termes d’équité pour la représentation des femmes dans les émissions diffusées», avance la responsable qui énumère également les personnes en situation de handicap et les MRE ainsi que les jeunes. Aussi, elle relève la dimension régionale dans cette représentation et le pluralisme linguistique notamment l’amazigh. «Si des experts ont une appartenance politique, il vaut mieux qu’ils ne figurent pas sur les écrans», enchaîne-t-elle entre-temps. Le tout en révélant des nouveautés de la décision du Conseil relevant de la Haca. Entre autres, elle cite «le passage de personnalités à appartenance partisane dont le temps sera calculé bien qu’elles soient invitées à une soirée artistique sur une chaîne et bien qu’elles ne parlent pas d’élections». «Il faut aussi faire face aux fake news en période électorale», conclut-elle, en rappelant que le travail de la Haca se poursuit même après les élections et s’étale sur l’année.