Nous constatons le relâchement d’une partie de la population dans le respect des mesures barrières contre la Covid-19. Cette situation, qui intervient avec l’allégement du dispositif anti-Covid, n’est-elle pas de nature à favoriser une reprise de la pandémie ?
A chaque relâchement dans le respect des mesures barrières contre la Covid-19, la pandémie repart de plus belle. Les Algériens, comme les populations des pays du monde, ont eu à expérimenter les conséquences du relâchement. Au début de l’épidémie en Algérie, il y a eu un relâchement durant la période du Ramadhan. Par conséquent, on avait assisté à une explosion des cas de contaminations durant la période allant de juin au mois d’août.
Juste après, on a connu une décrue de la pandémie jusqu’à atteindre 100 cas par jour. Le pays été ensuite à nouveau confronté à un relâchement total dans l’application des mesures barrières de la part de la population et à l’absence de l’application de la loi par des pouvoirs publics. L’Algérie à nouveau a payé cher ce relâchement, constaté durant les mois d’octobre-novembre, avec des pics de 1000 cas.
Actuellement, la situation épidémique s’est améliorée et beaucoup de pays envient la situation sanitaire de l’Algérie. Mais, ce n’est pas le moment de relâcher et de baisser la garde. La responsabilité est d’autant plus importante, surtout que nous sommes face à une sortie de la crise de la pandémie avec le lancement de la campagne de vaccination.
L’année dernière, les citoyens avaient l’obligation d’observer les mesures barrières et de se confiner, car on n’avait pas de visibilité concernant le traitement radical de l’épidémie, à savoir la vaccination. Ceci dit, tout le monde sait très bien qu’elle ne se fera pas du jour au lendemain en raison de la disponibilité des quantités largement insuffisantes de vaccin pour tous les pays du monde.
La campagne de vaccination va encore durer plusieurs mois. Mêmes les pays occidentaux, qui ont fait des commandes en juin dernier, ont un calendrier de vaccination sur plusieurs mois pour satisfaire la demande de leurs populations. Dans ces conditions, la vigilance et la patience, demandées aux citoyens du monde, particulièrement aux Algériens, doivent être de mise tant qu’on n’est pas arrivé à vacciner 70% de la population, seuil exigé pour atteindre l’immunité collective.
– L’Algérie est-elle à l’abri d’une nouvelle vague de contaminations, comme ce fut le cas avec la précédente ?
Actuellement, on n’est pas l’abri d’une reprise de la pandémie. Pour preuve, des pays occidentaux y sont confrontés après l’ouverture de leurs frontières et le relâchement dans le respect des mesures barrières.
La plupart sont revenus à des mesures de restriction, avec des confinements et des couvre-feux. Les pouvoirs publics en Algérie, qui se basent sur la situation épidémiologique pour sortir du confinement, ont toujours affirmé que le déconfinement progressif est obligatoire pour des raisons sanitaires, économiques et sociales.
Mais, nous n’avons jamais cessé d’insister sur le respect des mesures barrières. On peut sortir du confinement et libérer les activités économiques sans qu’il y ait des répercussions épidémiologiques, à condition que les citoyens respectent les mesures barrières et les pouvoirs publics appliquent la loi en la matière.
– Les autorités sanitaires ont-elles les moyens nécessaires pour faire du séquençage en cas de détection d’un variant sur le sol algérien ?
On n’a pas les moyens de séquençage dont disposent les pays européens. L’Institut Pasteur peut le faire, mais encore une fois, ce n’est pas avec les mêmes possibilités dont disposent les pays développés. Pour l’instant, on n’a pas déclaré de variant en Algérie. Il faut essayer de rester dans cette situation, même si on n’est pas à l’abri. On a l’avantage d’avoir fermé les frontières.
D’autres pays occidentaux ont fermé leurs frontières, lorsque la situation sanitaire s’est dégradée. La fermeture des frontières nous a épargné la progression de l’épidémie et l’arrivée d’un nouveau variant de la Covid-19.
Ceci dit, il faut rester vigilant, surtout avec les vols de rapatriement des ressortissants algériens bloqués à l’étranger. Il faut des tests PCR négatifs de 72 heures avant l’embarquement, un confinement de 7 jours en Algérie et une PCR négative à la fin du confinement. Ainsi, on est sûr de ne pas importer de variant de la Covid-19 en provenance particulièrement de l’Europe.