L’ancien président de l’Assemblée populaire nationale et ex-secrétaire général du FLN, Mouad Bouchareb, est rattrapé par la plainte déposée contre lui en 2019 par des membres du comité central pour «usurpation de fonction» λ Il a été convoqué par le tribunal de Bir Mourad Raïs, à Alger, alors que plusieurs membres du collectif des plaignants ont été auditionnés.
Après avoir perdu son immunité parlementaire, l’ancien coordinateur du FLN et ex-président de l’Assemblée nationale, Mouad Bouchareb, est rattrapé par la plainte déposée contre lui, en mai 2019, par plusieurs membres du Comité central (CC) du FLN.
Les plaignants l’accusent d’avoir «usurpé la fonction de secrétaire général», alors qu’il avait été désigné au mois d’octobre 2018 comme coordinateur, à la suite de la démission forcée de Djamel Ould Abbès. Pour ses adversaires, «sa mission se limitait à préparer la tenue du congrès du parti, et élire un secrétaire général, qui ne peut venir que des instances dirigeantes. Or, Bouchareb n’a jamais fait partie de ces instances. Comment a-t-il pu dépenser tout cet argent, durant les quatre mois de son passage, alors qu’il n’avait pas la délégation de signature ? Par quel artifice a-t-il pu dépenser des sommes énormes pour financer certaines activités et surtout prendre en charge ou participer à la campagne du 5e mandat pour Bouteflika ? Des questions auxquelles il doit répondre devant le juge», déclare un des membres du CC, ayant été entendus par le tribunal de Bir Mourad Raïs, ces jours-ci, en tant que plaignants.
Mouad Bouchareb a été convoqué en début de semaine, mais n’a pu répondre en raison de l’adresse. La convocation a été envoyée au siège du parti à Hydra, alors que lui n’y est plus domicilié depuis son éviction, par ses pairs, de la tête du FLN et de l’Assemblée nationale. Il ne s’agit pas de la seule plainte à laquelle il devra faire face. Mouad Bouchareb a fait l’objet d’une deuxième plainte, déposée par le défunt Saïd Bouhadja, pour «usurpation du poste de président de l’APN».
L’on se rappelle dans quelles conditions Mouad Bouchareb avait conquis la présidence de l’Assemblée nationale, le 24 octobre 2018, après un violent bras de fer avec son prédécesseur, Saïd Bouhadja, forcé à quitter son poste, dont il était constitutionnellement inamovible et ne plus accéder à l’hémicycle, dont les portes ont été honteusement enchaînées et cadenassées. Un mois plus tard, Bouchareb s’est vu confier «une instance dirigeante» du FLN, par Bouteflika président d’honneur du FLN, après avoir forcé Djamel Ould Abbès à se retirer sans toutefois utiliser le terme de «démissionner».
Ces changements s’opéraient dans la perspective d’un 5e mandat, que le président, aphone et paralysé sur une chaise roulante, depuis près de 6 ans, comptait briguer lors de l’élection présidentielle prévues au mois d’avril 2019.
Mais face à la contestation populaire du 22 février 2019 contre le mandat de trop, Mouad Bouchareb répond aux millions d’Algériens dans la rue par : «Faites de beaux rêves !» Les mêmes députés qui l’avaient aidé à chasser Bouhadja à coup de cadenas, se sont retournés contre lui, et pour le pousser vers la sortie, ils ont gelé leurs activités au sein de l’Assemblée nationale en faisant alliance avec d’autres groupes parlementaires, bloquant ainsi les activités de la Chambre basse durant des semaines.
Bouchareb refuse de quitter son poste. Au sein du parti, ses opposants sont devenus nombreux, notamment au sein du CC, dont plusieurs membres ont déposé plainte contre lui pour «usurpation de la fonction de secrétaire général». Il est éjecté du parti et remplacé par l’homme d’affaires, Mohamed Djemai, qui le somme de quitter le perchoir de l’Assemblée.
Ce n’est qu’en début du mois de juillet 2019 que Bouchareb finit par lâcher prise. Sa chute a été aussi rapide que son ascension. Dès la fin de son immunité parlementaire, il est vite rattrapé par la justice. Les premières auditions des plaignants se poursuivront durant les prochains jours, avant que lui ne soit entendu.