Le ministère de l’Éducation nationale a fixé la rentrée scolaire 2021-2022 au 7 septembre prochain. À moins d’un mois du retour des élèves à l’école, l’Algérie fait face à une flambée du covid-19, une crise endémique de l’eau potable et des incendies qui ont ravagé des forêts et des villages notamment en Kabylie.
Fortement préoccupés par ces trois facteurs conjugués, les syndicats de l’Éducation appellent à un report de la date de la rentrée scolaire tout en réclamant des pouvoirs publics des mesures concrètes pour faire face à ces défis.
Cette rentrée scolaire est soumise à trois facteurs : le covid-19, la crise de l’eau et les incendies qui ont détruit des écoles », pointe Boualem Amoura, le SG du SATEF.
« Sachant que le variant Delta du covid-19 touche même les enfants, la question que je me pose est « faut-il vacciner les élèves ? ». « Est-ce que nous avons les moyens de les vacciner tous ainsi que le personnel de l’Éducation ? », se demande M. Amoura.
« Nous avons plus de 800 000 professionnels de l’Éducation. Avons-nous le temps de les vacciner tous en l’espace de 15 jours, tout en sachant qu’il leur faudra deux doses avec un espacement de 15 à 20 jours ? Avons-nous les 1,6 million de doses de vaccins ? En outre, avons-nous 14 millions de doses pour vacciner 7 millions d’élèves, si l’on excepte les élèves du primaire ? ».
Et M. Amoura de s’interroger sur les capacités des établissements scolaires à faire appliquer le protocole sanitaire anti-covid en assurant la disponibilité de l’eau, des désinfectants et les bavettes.
Or, les moyens manquent, relève-t-il, ajoutant que des établissements scolaires nécessitent des réparations qui n’ont toujours pas été faites.
« Pour toutes ces raisons nous avons demandé de repousser la rentrée de 20 jours mais pas pour ne rien faire. Il faut trouver des solutions. À cause des incendies, des élèves vont se retrouver sans école comme à Larbâa Nath Irathen où toutes les écoles ont presque été touchées. Ce qui revient à dispatcher les élèves sur d’autres écoles et à ce propos on se demande bien si les collectivités en ont les moyens », se préoccupe cet enseignant de mathématiques. Pour lui, « il y a danger sur la rentrée scolaire 2021/2022
Un report est nécessaire »
La rentrée scolaire s’annonce « très préoccupante », reconnaît pour sa part Meziane Meriane, coordinateur du Snapest, soulignant qu’en sus de la préoccupation sanitaire liée à la pandémie de la covid et la progression du variant Delta, s’est ajouté le drame des incendies qui ont touché plusieurs régions du pays notamment Béjaia et Tizi-Ouzou où des familles ont trouvé refuge dans des écoles après que leurs demeures eurent été détruites par les flammes.
« Il faudra penser à reloger ces familles et à les mettre à l’abri et ainsi récupérer les établissements », préconise-t-il. « Concernant la crise sanitaire qui est très préoccupante aussi et le virus qui a muté pour toucher même les enfants, il faudra penser dès à présent à vacciner le personnel éducatif y compris les enfants. S’il y a lieu de le faire, c’est le moment de commencer », recommande M. Meriane.
Le pédagogue pointe le problème de manque d’eau dans les établissements scolaires, relevant que cette ressource fait partie du protocole de prévention contre la pandémie de la covid.
- Meriane propose un report de la rentrée scolaire, tout en insistant sur la mise en place d’un plan déterminé dans le temps. C’est la suggestion formulée par Bachir Kiouas, membre de la Coordination des enseignants du primaire de la wilaya d’Alger, qui met en avant un manque de préparation à deux semaines de la rentrée scolaire.
« Un report est nécessaire pour donner un peu de temps aux populations des wilayas touchées (par les incendies) pour se remettre du choc qu’elles ont vécu », propose M. Kiouas qui préconise aussi une prise en charge psychologique des populations des régions sinistrées y compris les élèves et les personnels éducatifs.
« Il y a lieu de prévoir tout ce qu’il faut, tant sur le plan pédagogique, socioprofessionnel que psychologique. On est en droit de ressentir cette volonté de faire face à ces problématiques », clame cet enseignant de français.