Des spécialistes estiment que le nombre des cas réels de Covid-19 est quatre fois plus important que le chiffre annoncé officiellement, vu que plusieurs personnes atteintes n’ont pas fait de test PCR.
Face à l’état de réticence de la population vis-à-vis de la vaccination anti-Covid, ainsi que le relâchement total de la population dans plusieurs wilayas du pays, le président Abdelmadjid Tebboune est appelé à prendre des mesures courageuses à l’échelle nationale. C’était la recommandation principale du président de la commission de santé de l’APW de Constantine, le Dr Abdellah Benarab.
Ce dernier, en présentant le rapport de la situation épidémiologique dans la région lors de la deuxième session de l’Assemblée tenue à la fin de la semaine écoulée, n’a pas manqué d’aviser les autorités d’une nouvelle vague de contamination par les variants. «Auparavant, pour atteindre une immunité de groupe, il fallait que 60% de la population soit vaccinée ou contaminée par l’ancien virus avant sa mutation. Mais aujourd’hui, la situation est plus inquiétante avec le variant Delta, qui est deux fois plus contagieux et qui a été détecté récemment à Alger.
Pour atteindre une immunité collective, il faut vacciner plus de 80% de la population», a déclaré à El Watan le Dr Benarab. Et d’arguer avec la présentation d’un schéma de la situation durant l’été écoulé, en soulignant que la pente de contamination en cette période est similaire à celle de l’année passée.
«Si la pente de la contamination continue sur ce rythme, nous allons vivre les mêmes scénarios du mois de juillet et novembre de l’année écoulée. Si vous remarquez bien, après le relâchement de la population et l’organisation des fêtes de mariage et autres, nous avons atteint le premier pic le 29 juillet 2020 avec plus de 500 cas. Une alerte a été donnée provoquant une nette baisse, avant le deuxième pic du 27 novembre avec l’enregistrement de plus de 1000 cas. Une période de rentrée scolaire et universitaire et après un abandon total des mesures barrières», a-t-il avisé.
Notre interlocuteur a estimé que le nombre des contaminations est 4 fois plus important que le chiffre annoncé officiellement, vu que plusieurs personnes atteintes n’ont pas fait de tests PCR.
En s’étalant un peu plus dans ses propos, le Dr Abdellah Benarab a révélé que cette peur du vaccin est signalée à tous les niveaux, voire chez les membres de l’exécutif de la wilaya de Constantine. En leur posant la question, les différents directeurs ont révélé, lors de la session, à M. Benarab qu’ils ne se sont pas fait vacciner. Pis encore, ajoute le président de la commission, plusieurs personnes parmi le personnel soignant ont rejeté le vaccin.
Comment donc convaincre le reste de la population ? «Les gens ont peur à cause des idées de radio trottoir, indiquant que le vaccin provoque des embolies. En Europe, sur les 134 millions de personnes vaccinées avec l’AstraZeneca, seulement 169 avec comorbidité ont eu des thromboses, dont 18 sont décédées, sachant que la pilule prise par les femmes provoque plus d’effets secondaires que l’AstraZeneca. La vaccination est une course contre la montre, mais aussi une course pour la vie», a-t-il commenté.
Imposer le vaccin coûte que coûte
Quelle solution propose donc la commission de la santé ? En réponse à cette question, le Dr Benarab a demandé aux autorités d’imposer le vaccin. Il a recommandé d’abord à l’échelle locale, et précisément au wali Ahmed Abdelhafid Saci, de saisir tous les recteurs des universités afin d’imposer aux étudiants des cartes de vaccination ; vu que la wilaya est dotée de l’un des plus grands pôles universitaires d’Algérie.
Il a également proposé de miser sur le secteur de l’éducation, incitant les directeurs des lycées et CEM d’exiger la vaccination avant la rentrée scolaire, dans le but d’éviter le pire. «Nous avons 3500 associations dans la wilaya, pourquoi ne pas les intégrer dans la campagne pour qu’elles portent la bonne parole au niveau des quartiers ?» s’est-il interrogé.
Pour ce qui est des mesures à prendre à l’échelle nationale, le président de la commission a incombé la responsabilité de la protection du peuple au président de la République, Abdelmadjid Tebboune. Ce dernier, affirme-t-il, doit prendre des décisions courageuses, allant jusqu’à imposer la vaccination pour les corps constitués, à l’instar de la Protection civile, l’Armée nationale, la sûreté de wilaya ainsi qu’au personnel soignant au niveau de toute l’Algérie.
Notre interlocuteur a demandé d’ajouter le vaccin dans la liste des dix autres vaccins obligatoires en Algérie, à titre d’exemple celui de la rougeole. «Il faut imposer le vaccin au niveau de tous les établissements publics et Diar Errahma. Pourquoi les autorités ne saisissent-elles pas les Affaires religieuses pour avoir une fatwa dans ce sens, vu que le virus représente un véritable danger pour soi et pour les autres», a-t-il conclu.