L’urgence est-elle aujourd’hui au passe sanitaire, alors que les hôpitaux sont en alerte maximale, le personnel de santé à bout de souffle et seulement moins de 10% de la population vaccinée ?
Alors que les spécialistes redoutent une virulente troisième vague de la Covid-19 au vu du nombre de cas de contamination confirmés par PCR positives, enregistrés ces derniers jours, le ministère de la Santé et le comité scientifique de suivi de l’évolution de la pandémie semblent loin de cette réalité.
Outre l’instruction relative à l’augmentation et l’ouverture des nouveaux services Covid dans les structures hospitalières à travers le pays, aucune autre décision concernant le retour aux restrictions des mesures de prévention inscrites dans le dispositif de lutte contre le coronavirus n’a été prise à ce jour ni par le ministère de la Santé ni par le gouvernement en cours de constitution.
Au conseil scientifique, aucune proposition n’a émané à l’issue de sa dernière réunion tenue dimanche au ministère de la Santé sous la présidence du ministre de tutelle, le Pr Benbouzid, consacrée au pass sanitaire.
L’urgence est-elle aujourd’hui au pass sanitaire, alors que les hôpitaux sont en alerte maximale, le personnel de santé à bout de souffle et seulement moins de 10% de la population vaccinée ? Paradoxalement, les déclarations contradictoires de certains membres du comité laissent entendre qu’aucun plan de communication n’a été mis en place au niveau de ce comité qui connaît des perturbations depuis quelque temps.
D’ailleurs, ces mêmes membres se contredisent, au point de remettre en cause les chiffres annoncés quotidiennement par le porte-parole du comité. «Le nombre de cas ne représente pas la réalité, car il y a beaucoup de citoyens qui ne déclarent pas leur contamination et préfèrent ne pas aller chez le médecin ou les centres de référence. Les chiffres annoncés par les commissions compétentes ne représentent que les résultats de l’examen PCR», a déclaré le Pr Mahyaoui, membre du comité scientifique, à la Radio Chaîne 1, tout en plaidant pour un «retour aux mesures de prévention qui ne sont malheureusement plus respectées dans nos rues, nos marchés et nos magasins».
Le comité scientifique a-t-il validé cette proposition qui est indispensable face à une hausse vertigineuse des cas d’infection ? «Non», d’après le Dr Abdelkrim Touahria, membre du comité scientifique, qui affirme que ces questions n’étaient pas à l’ordre du jour de la réunion du dimanche.
Nous avons débattu de la vaccination et du pass sanitaire. Ces points relatifs au confinement et au renforcement des mesures de prévention n’ont pas été évoqués lors de cette réunion. D’ailleurs, on se pose la question.
Que compte faire le gouvernement ? Par contre, à mon avis, il est urgent de reconduire toutes les mesures prises l’année dernière pour casser la chaîne des contaminations, surtout que la situation épidémiologique est très inquiétante avec l’arrivée des variants, en l’occurrence le Delta», a-t-il souligné.
Il estime que la crise sanitaire risque de s’aggraver dans les deux prochaines semaines avec l’approche de la fête de l’Aïd El Adha, la saison estivale qui a démarré, la célébration des fêtes de mariage et autres événements. Pour lui, il est primordial de revenir sur la limitation des déplacements hors wilaya, limiter les visites familiales, surtout des personnes âgées et celles présentant des maladies chroniques.
Respect des gestes barrières
Le Dr Touahria appelle au respect des gestes barrières, intensifier le lavage des mains plusieurs fois par jour et les frictionner avec une solution hydroalcoolique. Il a rappelé également que le port du masque reste obligatoire, en tout lieu et en toute circonstance, en insistant sur le respect de la distanciation physique et surtout éviter les embrassades.
Comme il encourage les Algériens à aller se faire vacciner. «La vaccination est l’unique moyen de prévenir les formes graves de la Covid-19 et elle nous permettra d’atteindre l’immunité collective le plus rapidement possible», a-t-il ajouté. Il a tenu à signaler que «la décision ne revient pas au comité scientifique, qui est une institution consultative».
Ce débat de scientifiques enflamme actuellement la Toile, surtout avec l’apparition des nouveaux variants, notamment le Delta (le variant indien) très contagieux et classé «préoccupant» par l’OMS. Une préoccupation qui ne trouve pas d’écho auprès des décideurs. Ce qui risque d’impacter sérieusement la situation jugée très critique, notamment dans la région centre du pays.