L’Italie a définitivement révoqué ses exportations d’armes à Ryad et Abou Dhabi. Le chef de la diplomatie italienne a évoqué «un devoir, un message clair de paix qui arrive de notre pays». L’Italie a définitivement mis fin aux autorisations d’exportation – suspendues depuis 18 mois – de missiles et de bombes vers l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, deux pays fortement impliqués dans le conflit au Yémen. «Je vous annonce que le gouvernement a révoqué les autorisations d’exportation de missiles et de bombes à l’Arabie saoudite et aux Emirats arabes unis», a annoncé le 29 janvier 2021 le ministre des Affaires étrangères Luigi Di Maio sur Twitter. «Nous considérons que c’est un devoir, un message clair de paix qui arrive de notre pays», a ajouté le chef de la diplomatie transalpine plus tard sur Facebook, sans jamais mentionner le Yémen. «Un pas nécessaire pour créer les préconditions à la paix», selon une ONG italienne L’ONG italienne Le Réseau pour la paix et le désarmement précise que sont concernés 12 700 bombes et missiles italiens, qui ne seront donc pas livrés aux deux pays concernés. «Le seul arrêt de la fourniture de missiles et bombes aériennes à l’Arabie saoudite et aux Emirats arabes unis ne peut pas faire cesser la guerre au Yémen et soulager les souffrances d’une population épuisée par le conflit, la famine et les maladies, mais constitue un pas nécessaire pour créer les préconditions à la paix», ajoute l’ONG. Cette décision du gouvernement italien «met un terme une fois pour toutes à la possibilité que des milliers d’engins explosifs fabriqués en Italie puissent toucher des structures civiles, faire des victimes parmi la population ou puissent contribuer à aggraver la situation humanitaire déjà grave dans ce pays», se félicite-t-elle encore.
Le conflit au Yémen, qui a fait des dizaines de milliers de victimes, oppose depuis six ans les Houthis, soutenus par l’Iran, aux forces loyales au gouvernement, appuyées depuis 2015 par une coalition militaire dirigée par l’Arabie saoudite et dont les Emirats arabes unis font partie. Cette décision intervient alors qu’une controverse est née concernant la participation de l’ancien Premier ministre Matteo Renzi à un événement de haut niveau organisé par le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane. Matteo Renzi, opposé depuis longtemps à Luigi Di Maio, est au centre de l’actualité à Rome pour avoir déclenché une crise gouvernementale et contraint le 26 janvier à la démission le Premier ministre Giuseppe Conte. A Ryad, il s’est exprimé à l’Initiative pour l’investissement futur (FII) – surnommée «le Davos du désert» – dans une vidéo apparemment préenregistrée avec le prince. En dépit des inquiétudes de longue date concernant le bilan de l’Arabie saoudite en matière de droits de l’Homme, Matteo Renzi a déclaré que ce pays où est appliqué un islam rigoriste «pourrait être le lieu d’une nouvelle Renaissance pour l’avenir». Selon le journal italien Domani, qui a publié l’article sur l’engagement saoudien de Matteo Renzi, ce dernier reçoit 80 000 dollars par an pour siéger au conseil consultatif du FII. «Le sénateur Renzi ne fait rien de différent de ce que font les autres dirigeants internationaux», a justifié devant des journalistes un élu de son parti, Ettore Rosato.