Le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, a souligné, jeudi, que « l’islamophobie n’a pas sa place au Canada », à l’ouverture d’un Sommet national d’urgence sur la lutte contre ce fléau.
« Ultimement, la politique de la division ne peut pas s’enraciner si nous refusons d’être divisés. Et la haine ne peut s’intégrer si nous nous élevons contre elle », a souligné Trudeau au cours de ce Sommet, organisé en visioconférence à travers tout le Canada.
Trudeau a tenu, au cours de son intervention aux assises de ce Sommet, à évoquer les reportages des médias qui font état que les organisations caritatives musulmanes seraient ciblées de manière injuste par l’Agence du revenu du Canada (ARC, publique) par des audits et des sanctions.
Il a indiqué, à ce sujet, que « de l’ARC aux agences de sécurité, les institutions devraient soutenir les gens, pas les cibler. Nous entendons cela », promettant des ajustements dans ce cadre.
« Comme beaucoup d’entre vous l’ont souligné, une partie de la voie à suivre doit être une fonction publique inclusive plutôt que simplement diversifiée. Et les voix de tous ceux qui ont vécu des expériences et une expertise sur l’islamophobie doivent être au centre de notre travail », a-t-il relevé à ce sujet.
Trudeau a dû reconnaître sans détours que durant les années passées, « Nous avons vu de plus en plus d’exemples de haine et de division en ligne et dans le discours public ».
Dans les derniers mois, a-t-il insisté, « avec la pandémie, nous avons aussi assisté à une augmentation du racisme antinoir, du racisme anti-asiatique, de l’antisémitisme et de l’islamophobie ».
Evoquant la situation des femmes, le chef du Parti Libéral a estimé « qu’aucune femme au Canada ne devrait se sentir en danger quand elle marche dans la rue, peu importe ce qu’elle porte et peu importe la couleur de sa peau. On peut et on doit prendre un chemin différent ».
Trudeau faisait en particulier allusion à une attaque perpétrée contre deux femmes musulmanes portant le voile, une mère et sa fille, âgées respectivement de 62 et de 26 ans, dans la ville de Hamilton.
Rappelons que la tenue de ce Sommet avait été annoncé par le gouvernement, il y a de cela deux semaines, en réaction à la multiplication des actes islamophobes et xénophobes, en particulier dans la province anglophone de l’Ontario.
Ces actes, notamment, l’assassinat d’une famille musulmane d’origine pakistanaise, au mois de juin dernier dans la ville de London, ont ravivé le spectre de l’attaque terroriste du 29 janvier 2017 qui a ciblé des fidèles qui accomplissaient la prière du Soir dans la Grande Mosquée de la ville de Québec, capitale de la province éponyme.
Il convient de noter que selon les données de « Statistique Canada » (Organisme gouvernemental), le nombre des « crimes haineux » a augmenté de 9% (chiffres de 2019).
La même source a indiqué que durant une décennie (entre 2010 et 2019), 42% des crimes qui ont ciblé la communauté musulmane au Canada, étaient « de nature violente » de même que ces actes visaient plus les femmes que les hommes.
AA