La Russie a annoncé vendredi 30 avril des sanctions contre huit responsables européens, dont le président du Parlement européen, en représailles à celles mises en place par l’UE en mars dans un regain de tensions entre Moscou et l’Occident.
«L’Union européenne poursuit sa politique des mesures de restriction unilatérales illégitimes visant des citoyens et des organisations russes», a déclaré la diplomatie russe dans un communiqué, précisant interdire d’entrée en Russie huit responsables européens, parmi lesquels le président du Parlement européen David Maria Sassoli, le procureur de Berlin Jorg Raupach, et une vice-présidente de la Commission européenne, Vera Jourova, une ressortissante tchèque chargée des Valeurs et de la Transparence.
David Maria Sassoli a dénoncé cette décision en assurant sur son compte Twitter: «aucune sanction ou intimidation n’empêchera le Parlement européen ou moi-même de défendre les droits de l’homme, la liberté et la démocratie». «Les menaces ne nous feront pas taire».
La décision de Moscou a également provoqué une avalanche de critiques au sein de l’UE, le commissaire européen à l’Economie, Paolo Gentiloni, dénonçant des sanctions «injustifiées et inutiles», tandis que l’ancien premier ministre belge Guy Verhofstadt a appelé l’UE à «aller au-delà des sanctions symboliques» et à «frapper les oligarques» proches du président russe Vladimir Poutine.
Selon le communiqué, la Russie riposte ainsi notamment aux sanctions imposées par l’UE le 2 et le 22 mars à de hauts responsables russes, des actes visant aux yeux de Moscou à «lancer un défi ouvert à l’indépendance de la politique intérieure et extérieure russe».
Représailles
Le 2 mars, l’Union européenne a annoncé sa décision d’imposer des mesures restrictives à l’encontre de quatre Russes responsables selon l’UE de «graves violations des droits de l’homme, notamment des arrestations et des détentions arbitraires, ainsi que de la répression massive et systématique de la liberté de réunion pacifique en Russie».
Ces mesures comprenaient notamment l’interdiction d’entrée sur le territoire de l’UE et le gel des avoirs de ces hauts responsables, parmi lesquels le chef du Comité d’enquête russe Alexandre Bastrykine et le procureur général Igor Krasnov.
Le 22 mars, le Conseil de l’UE a décidé d’introduire des mesures restrictives contre les «responsables de violations graves des droits de l’homme» dans divers pays du monde, notamment pour «la torture et la répression» contre les opposants politiques en Tchétchénie, république du Caucase russe.
Bête noire du Kremlin, Alexeï Navalny, 44 ans, est en prison depuis mi-janvier. Il avait été arrêté à son retour d’Allemagne où il avait passé près de cinq mois en convalescence pour se remettre d’un empoisonnement à un agent neurotoxique dont il accuse le Kremlin.
Pour Berlin, les sanctions «contribuent à tendre davantage» les relations
Parmi les personnes visées par les sanctions annoncées vendredi par Moscou figure Asa Scott, une responsable d’un laboratoire spécialisé dans les substances hautement toxiques en Suède qui a confirmé les conclusions d’un laboratoire allemand sur l’empoisonnement d’Alexeï Navalny.
La Russie a également placé sur cette liste le député français Jacques Maire, rapporteur spécial sur l’empoisonnement d’Alexeï Navalny à l’Assemblée parlementaire au Conseil de l’Europe (APCE).
«Ça ne change rien à mon mandat concernant l’empoisonnement et l’emprisonnement d’Alexei Navalny. Cela place en revanche les Russes dans une situation plus difficile pour pouvoir coopérer», a-t-il réagi auprès de l’AFP.
Le ministère allemand des Affaires étrangères a dénoncé ces sanctions russes, qui «contribuent inutilement à tendre davantage encore les relations avec la Russie».
«Le gouvernement (allemand) rejette dans les termes les plus clairs les interdictions d’entrée en Russie prononcées contre huit responsables de l’Union européenne et de différents États membres de l’UE, dont le procureur général de Berlin», a réagi un porte-parole du ministère dans un bref communiqué.
AFP