L’ONU a dénoncé mardi la «pression constante» exercée par l’Autorité palestinienne sur le droit à la liberté d’expression après l’arrestation en Cisjordanie occupée d’une vingtaine de manifestants, parmi lesquels des militants des droits humains, dont elle a appelé à la libération «immédiate».
Des manifestations sont régulièrement organisées à Ramallah, siège de l’Autorité palestinienne, depuis la mort fin juin du militant Nizar Banat, alors qu’il était détenu par les forces de sécurité palestiniennes. Les manifestants réclament que justice soit rendue et appellent au départ du président Mahmoud Abbas, 86 ans et au pouvoir depuis 2005.
Samedi, 23 personnes ont été arrêtées par les forces de sécurité palestiniennes sous prétexte qu’elles participaient à une manifestation à Ramallah, a indiqué le Haut-commissariat de l’ONU aux droits de l’Homme, soulignant que 21 d’entre elles ont été interpellées «avant même qu’une quelconque manifestation ne débute».
D’autres arrestations ont eu lieu, dont plusieurs concernent des militants politiques et des droits humains connus, a affirmé le bureau onusien, précisant que si au moins 13 avaient été libérées sous caution dimanche, 13 autres restaient en détention.
«Il s’agit du dernier incident en date durant lequel les autorités palestiniennes ont arrêté ou harcelé des individus qui ont cherché à exprimer leur opinion pacifiquement», dénonce le Haut-commissariat dans un communiqué, se disant «gravement préoccupée par la pression constante sur ceux qui cherchent à exercer leurs droits à la liberté d’expression et de rassemblement en Palestine».
Selon l’ONU, la plupart des individus sont accusés de rassemblement illégal, incitation au conflit sectaire et diffamation des autorités. Elle a appelé à leur «libération immédiate sans inculpation».
Sollicité, le bureau du gouvernement n’était pas joignable dans l’immédiat pour réagir à ces affirmations.
Une vingtaine d’organisations de la société civile palestinienne ont alerté lundi sur «un recul dangereux des droits et des libertés publiques».
La représentation de l’Union européenne (UE) dans les Territoires palestiniens a également dénoncé ces arrestations, appelant dans un communiqué l’Autorité palestinienne à «conclure rapidement l’enquête sur la mort de Nizar Banat de manière pleinement transparente».
Nizar Banat était connu pour ses vidéos postées sur les réseaux sociaux critiquant l’Autorité palestinienne d’Abbas, qu’il accusait de corruption. Il avait été arrêté fin juin puis placé en détention, selon sa famille, qui accuse les forces de sécurité palestiniennes de l’avoir «assassiné».
AFP