L’Organisation mondiale de la santé a demandé à tous les pays de publier «toutes les données sur le virus». La fuite d’un laboratoire de Wuhan étant considérée selon elle comme l’origine «probable» de l’épidémie, la Chine est particulièrement visée. Dans sa quête des origines de la pandémie de Covid-19, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a demandé le 12 août à tous les pays – et en particulier à la Chine où la fuite d’un laboratoire est suspectée – de publier «toutes les données sur le virus». Pékin a cependant rejeté ce 13 août l’appel de l’OMS à une nouvelle enquête sur son territoire, exhortant à une approche «scientifique» et non «politique», laissant entendre que l’OMS agissait sous pression politique concernant ses recherches sur l’origine du coronavirus.
Spécifiquement, pour aborder “l’hypothèse labo”, il est important d’avoir accès à toutes les données brutes, d’envisager les meilleures pratiques scientifiques», a déclaré l’OMS dans un communiqué, répondant subtilement aux allégations de Pékin. L’agence de l’ONU a incité tous les pays, y compris la Chine à «partager les données et autoriser le réexamen d’échantillons» afin qu’elle puisse «avancer dans l’étude des origines [de la pandémie] rapidement et efficacement». La fuite d’un laboratoire de Wuhan : une hypothèse «probable», selon l’OMS Pour Peter Embarek, chef de la délégation de scientifiques internationaux envoyés en Chine par l’OMS pour déceler l’origine du Covid, la fuite du virus d’un laboratoire de Wuhan – agglomération chinoise où les premiers cas ont été détectés fin 2019 – fait partie des hypothèses «probables». «Un employé [de laboratoire] infecté sur le terrain en prélevant des échantillons relève de l’une des hypothèses probables. C’est là que le virus passe directement de la chauve-souris à l’homme
Dans un documentaire intitulé «Le mystère du virus – un Danois à la recherche de la vérité en Chine» diffusé le 12 août sur la chaîne danoise, le scientifique s’est montré très critique envers Pékin. Selon lui, il a été difficile pour son équipe de discuter de cette théorie avec les scientifiques chinois. La délégation de l’OMS a obtenu la permission de visiter deux laboratoires où s’effectuent des recherches autour de la chauve-souris. Lors de ces visites, «nous avons eu droit à une présentation, puis nous avons pu parler et poser les questions que nous voulions poser, mais nous n’avons pas eu l’occasion de consulter la moindre documentation», a-t-il assuré. Il a affirmé qu’aucune chauve-souris ne vit à l’état sauvage dans la région de Wuhan, et que les seules personnes susceptibles d’avoir approché les chauves-souris soupçonnées d’avoir hébergé le virus à l’origine du SARS-Cov-2 sont des employés des laboratoires de la ville. La Chine s’oppose à toute nouvelle enquête sur son territoire Dans son communiqué, l’OMS précise «qu’afin de pouvoir examiner “l’hypothèse du laboratoire”, il est important d’avoir accès à toutes les données brutes», ajoutant que l’analyse et l’amélioration des protocoles de sécurité dans tous les laboratoires du monde «y compris en Chine» est important pour «la sécurité collective».
L’organisation insiste sur le fait qu’il est «d’une importance vitale» de savoir comment a commencé l’épidémie de Covid-19. «[A partir de] ce que nous avons déjà appris, la prochaine série d’étude comprendra un examen des données brutes sur les premiers cas et les premiers cas potentiels en 2019», a ajouté l’organisation. «L’accès aux données ne devrait en aucun cas être un enjeu politique», a plaidé l’OMS, en demandant à tous les pays de surmonter leurs divergences et de travailler ensemble «afin de fournir toutes les données et tous les accès nécessaires, afin que la prochaine série d’études puissent être entamée le plus vite possible». Le vice-ministre chinois des Affaires étrangères Ma Zhaoxu a lui aussi prôné une approche apolitique du sujet, mais pour s’opposer à une potentielle nouvelle enquête de l’OMS sur le territoire de son pays. Il a déclaré que les autorités chinoises étaient opposées «à la politisation de la recherche des origines […] et à l’abandon du rapport conjoint [Chine-OMS]», publié après la visite d’experts internationaux en janvier à Wuhan. Ma Zhaoxu a affirmé soutenir «une recherche basée sur la science». La pandémie a fait, selon un décompte établi par l’AFP à partir de sources officielles, au moins 4,3 millions de morts. L’OMS estime pour sa part qu’en prenant en compte la surmortalité directement et indirectement liée au Covid-19, le bilan de la pandémie pourrait être deux à trois fois plus élevé.