Suite à une réduction des subventions sur les carburants décidée samedi soir au palais présidentiel de Baabda et qui a provoqué une hausse de près de 70% des prix des carburants dans un Liban en crise, le barème officiel de ces matières a été publié mardi matin. Il est à noter que la majorité de stations-service restent fermées ce matin et les files d’attente continuent de s’allonger.
Selon les nouveaux tarifs, le prix du bidon d’essence à 95 octane est passé de 77.500 LL à 128.200 LL, et celui à 98 octane (quasi introuvable au Liban) coûte désormais 132.400 LL. Le mazout, lui, se vend désormais à 98.800 LL, son prix ayant augmenté de 40.300 LL. La bonbonne de gaz qui se vendait à 58.800 LL se vend à 90.600 LL.
Samedi après-midi, les responsables réunis à Baabda avaient décidé une levée partielle des subventions sur le carburant et annoncé que les prix seraient alors calculés selon un taux de 8.000 livres pour un dollar jusqu’à fin septembre, contre 3.900 livres depuis fin juin. Les pertes (différence entre le taux auquel les importateurs obtenaient les devises et le taux de Sayrafa, de 12 000 livres selon une source à la Banque du Liban) ne seront plus supportées par la Banque du Liban (BDL) mais par l’État, et remboursées sur le budget de 2022. Cette décision n’a pas suffi à débloquer, un tant soit peu, la situation. Les banques étant fermées durant le week-end, les sociétés importatrices de pétrole n’ont pas livré de carburant aux pompes à essence hier. Les files d’attente continuaient de s’allonger devant les stations-service où plusieurs heurts ont lieu de manière quasi-quotidienne. L’armée libanaise a été chargée de surveiller l’écoulement des stocks de carburants dans les stations selon les anciens tarifs.
La BDL qui subventionnait l’importation de ces produits avait décidé de mettre un terme à ce mécanisme. L’enveloppe de 225 millions de dollars que les décideurs demandent dans ce cadre doit permettre de maintenir ces prix intermédiaires du carburant jusqu’à fin septembre. C’est à peu près à cette période que plusieurs responsables ont estimé que la carte d’approvisionnement, un système d’aide directe aux plus pauvres, sera mise en place. Cette carte est censée amortir pour les plus démunis le choc de l’hyperinflation que connaît le pays. Les prix des carburants ont pratiquement triplé en deux mois depuis que la Banque centrale a commencé en juin à rationner ses subventions.
AlAhed