Les Nations unies ont exprimé mardi leur profonde inquiétude face aux expulsions massives de migrants haïtiens par les États-Unis, qui pourraient contrevenir au droit international.
«Les expulsions massives et sommaires qui se déroulent actuellement en invoquant le Titre 42 (un règlement sanitaire auquel se réfèrent les autorités américaines pour défendre les expulsions ndlr), sans tenter de déterminer les besoins en termes de protection, sont contraires à la norme internationale et pourraient être assimilées à du refoulement», qui est condamné par le droit international, a souligné le Haut-commissaire de l’Onu aux réfugiés Filippo Grandi, dans un communiqué.
Filippo Grandi s’est dit «choqué» par les images des milliers d’Haïtiens trouvant un abri précaire sous les ponts autoroutiers de Del Rio au Texas.
Plus tôt dans la journée, le Haut-commissariat aux droits de l’Homme de l’Onu et le HCR, que dirige Filippo Grandi, avaient joint leurs voix pour rappeler que tout demandeur d’asile a le droit de voir sa demande examinée.
«Nous sommes profondément inquiets du fait qu’il n’y ait eu aucun examen individuel dans le cas» des Haïtiens, a déclaré une porte-parole du Haut-commissariat aux droits de l’homme, Marta Hurtado, lors d’un briefing régulier de l’Onu à Genève.
Et «peut-être que certaines de ces personnes n’ont pas bénéficié de la protection dont elles avaient besoin», a-t-elle souligné.
«Un droit de l’Homme fondamental»
Shabia Mantoo, porte-parole pour le HCR, a souligné pour sa part lors du même point de presse que la demande d’asile était «un droit de l’Homme fondamental».
«Nous appelons à ce que ces droits soient respectés», a-t-elle dit.
Le président américain, Joe Biden, a annoncé samedi qu’il allait accélérer le rythme des expulsions par avion des près de 15.000 migrants, surtout des Haïtiens, regroupés depuis des jours sous un pont au Texas.
Les expulsions d’Haïtiens avaient été provisoirement suspendues après un séisme qui a dévasté leur pays le mois dernier.
«La grande majorité des migrants continue à être expulsée» immédiatement en vertu d’une règle sanitaire adoptée au début de la pandémie pour limiter la propagation du virus, a précisé le ministère américain de la Sécurité intérieure.
La porte-parole du HCR a rappelé l’opposition totale de l’agence à cette politique et réitéré l’appel à tous les pays à «accorder le droit d’asile à tous ceux dont la vie en dépend».
«Il y a d’autres moyens de gérer la santé publique (…) et en même temps de garantir le droit à demander l’asile. C’est tout à fait possible», a-t-elle insisté.
Parallèlement, le HCR avait salué l’annonce lundi par la même administration Biden que les États-Unis accueilleraient 125.000 réfugiés en 2022, le double par rapport à cette année, pour répondre aux besoins générés par les crises humanitaires dans le monde.
«Ce plan reflète l’engagement du gouvernement américain et du peuple américain à aider les réfugiés les plus vulnérables à reconstruire leur vie en toute sécurité», a déclaré Mme Mantoo.
AFP