Sept Colombiens impliqués dans l’assassinat du président haïtien avaient reçu une formation américaine, a confirmé le porte-parole du Pentagone, rejetant toutefois les avoir «encouragés». Or, des combattants formés par les États-Unis sont responsables de nombreux coups d’État à travers le monde.
Le Pentagone a identifié au moins «sept personnes, anciens membres de l’armée colombienne, qui avaient reçu une sorte de formation et d’éducation financée et fournie par les États-Unis», a déclaré jeudi son porte-parole John Kirby.
Il a toutefois souligné que cette formation prévoyait des «choses qui sont très courantes» et n’a pas conduit à «ce qui s’est passé en Haïti».
Le gouvernement américain n’a pas non plus encouragé ces actions, selon lui.
Kirby a refusé de fournir des détails individuels sur ces sept personnes, mais a précisé que l’instruction comprenait «des opérations de lutte contre la drogue, le développement professionnel des sous-officiers (…) la formation aux droits de l’Homme, la formation médicale d’urgence, certaines formations à la maintenance des hélicoptères».
Malgré les récents événements en Haïti, où le président Jovenel Moïse a été abattu par des hommes armés à son domicile près de Port-au-Prince, John Kirby ne connaît aucun plan du Pentagone visant à reconsidérer ce programme.
Les États-Unis forment des auteurs de coups d’État
Une vingtaine de suspects ont été placés en détention en Haïti depuis cet assassinat retentissant, la majorité d’entre eux étant d’anciens membres de l’armée colombienne travaillant pour des sociétés de sécurité privées, dont certaines sont basées aux États-Unis.
L’assassinat a de fait allongé la longue liste de coups d’État et de complots impliquant du personnel étranger formé aux États-Unis.
L’Afrique en est par exemple régulièrement secouée. Ainsi, deux coups d’État ont eu lieu au Mali depuis août 2020, tous deux dirigés par le colonel Assimi Goïta. Ce dernier a suivi une formation des forces spéciales en Floride.
Les formations tournant mal
Depuis 2008, des troupes ou des individus au moins en partie entraînés par les États-Unis ont été directement responsables d’au moins sept coups d’État réussis en Afrique, notamment en Mauritanie, en Libye, au Mali, en Égypte et au Burkina Faso, précisait dans une tribune la journaliste de Sputnik Morgan Artyukhina.
Qui plus est, des officiers étrangers ayant fréquenté les meilleurs cours du Pentagone ont ensuite été accusés de viol, de meurtre, de génocide et de coups d’État dans leur propre pays, d’après une série de rapports annuels du Département d’État au Congrès, a révélé en 2017 le Centre pour l’intégrité publique, une organisation de journalisme d’enquête.
De nombreux officiers ont été décrits dans les rapports comme des organisateurs ou des participants à des scandales et des conflits très médiatisés dans leurs pays, y compris des exécutions extrajudiciaires en Colombie, des actes de torture lors du conflit népalais contre les maoïstes et de meurtres lors d’un conflit interne bolivien.
En 2010, les États-Unis ont en outre formé 1.620 agents maliens dans le cadre de multiples programmes d’assistance à la sécurité pour un coût total de plus de cinq millions de dollars, ajoute le Centre pour l’intégrité publique.
Sputnik