La police fédérale allemande a acquis le logiciel d’espionnage israélien «Pegasus», affirment plusieurs médias allemands. Les officiels clament s’en être tenus à une version limitée du programme.
Alors que le scandale lié au logiciel espion «Pegasus» a déjà semé la zizanie entre certains États, les révélations sur ses utilisateurs continuent d’affluer.
L’Office fédéral de police criminelle (BKA) y aurait notamment touché, selon plusieurs médias allemands.
L’institution a en effet conclu un contrat avec la société israélienne «NSO Group», développeur du logiciel d’espionnage.
Le BKA est entré en contact avec l’entreprise israélienne dès 2017 pour une démonstration, croit savoir l’hebdomadaire Die Zeit.
À l’époque, la police allemande aurait émis des craintes sur les capacités étendues du logiciel et aurait demandé des aménagements pour qu’il respecte les exigences de la Cour constitutionnelle sur les «perquisitions numériques».
Auparavant, le BKA avait rencontré plusieurs problèmes techniques sur un autre logiciel.
Des échecs qui auraient poussé l’institution à se tourner vers le produit de «NSO Group».
«Pegasus» a finalement été acheté à l’automne 2020 et mis à l’épreuve à partir de mars.
La vice-présidente du BKA, Martina Link, a confirmé l’information devant une commission parlementaire, selon le Süddeutsche Zeitung.
La responsable a affirmé que l’acquisition portait bien sur une version limitée de «Pegasus», et non sur sa version standard.
Le BKA a reçu l’assurance de «NSO Group» qu’aucune donnée ne serait transmise à l’entreprise, a précisé Martina Link.
Le ministère au courant?
La question de l’implication du ministère de l’Intérieur dans cet achat reste pour l’heure en suspens.
Ces dernières années, le gouvernement fédéral a été interpellé officiellement à trois reprises sur le sujet, par des parlementaires ou des associations.
À chaque fois, le ministère de l’Intérieur a répondu ne pas pouvoir fournir d’information sur une potentielle utilisation de «Pegasus».
Le logiciel de «NSO Group» avait fait parler de lui mi-juillet, après une enquête menée par 17 médias internationaux révélant son utilisation par «une dizaine de gouvernements».
Le Maroc avait été particulièrement montré du doigt, ce qui avait tendu ses relations diplomatiques avec un certain nombre de pays, notamment l’Algérie.
Le produit de «NSO Group» a également ciblé l’un des téléphones d’Emmanuel Macron.
Le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, avait dénoncé le 19 juillet des faits «extrêmement choquants.
Le Maroc avait pour sa part qualifié les accusations de «mensongères».
Au total, plus de 50.000 numéros auraient subi des écoutes téléphoniques. Un millier de Français seraient concernés.
Sputnik