Un général de l’armée algérienne demande à la France d’«assumer ses responsabilités historiques» et de «décontaminer» les sites d’essais nucléaires qui se sont tenus dans les années 60 dans le Sahara et ont fait un grand nombre de victimes. La France doit « assumer ses responsabilités historiques» et «décontaminer» les sites des essais nucléaires effectués dans le Sahara algérien dans les années 1960, a déclaré un haut responsable militaire algérien dans l’édition de février de l’influente revue du ministère de la Défense, El Djeich, publiée le 7 février 2021. « Plus de 60 ans sont passés après le premier essai nucléaire en Algérie. La France persiste dans son refus de livrer les cartes révélant la localisation de ses restes nucléaires », a déploré ce haut gradé du commandement des forces terrestres, le général Bouzid Boufrioua. Selon lui, la remise des cartes est «un droit que l’Etat algérien revendique fortement, sans oublier la question de l’indemnisation des victimes algériennes des essais». Une bombe au plutonium plus puissante que celle d’Hiroshima Le 13 février 1960, à Reggane, dans le désert du Sahara, la France a procédé à son premier essai nucléaire, baptisé «Gerboise bleue» : une bombe au plutonium d’une puissance de 70 kilotonnes – trois à quatre fois plus puissante que celle d’Hiroshima – dont les retombées radioactives allaient s’étendre à toute l’Afrique de l’Ouest et au sud de l’Europe. La France, qui a colonisé l’Algérie de 1830 à 1962, a procédé au total à 17 essais nucléaires dans le Sahara algérien entre 1960 et 1966, sur les sites de Reggane puis d’In Ekker. Onze d’entre eux, tous souterrains, sont postérieurs aux accords d’Evian de 1962 qui ont acté l’indépendance de l’Algérie mais une clause permettait à la France d’utiliser jusqu’en 1967 les sites du Sahara.
La France doit assumer ses responsabilités historiques, surtout après que 122 Etats de l’Assemblée générale de l’ONU ont ratifié, le 7 juillet 2017, un nouveau traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN), qui vient s’ajouter aux traités antérieurs», a estimé le général algérien. «Le principe du pollueur-payeur y a été d’ailleurs introduit et reconnu officiellement. C’est la première fois que la communauté internationale demande aux puissances nucléaires de rectifier les erreurs du passé», selon lui. Au sol, les autorités françaises assuraient trois jours après l’explosion du 13 février 1960 que la radioactivité était partout très inférieure aux normes de sécurité admises. Mais des documents déclassifiés en 2013 révèleront toutefois des retombées radioactives beaucoup plus importantes que celles admises à l’époque, s’étendant à toute l’Afrique de l’Ouest et au sud de l’Europe. Ces essais ont causé un «grand nombre de victimes parmi la population locale et des dégâts à l’environnement qui perdurent hélas jusqu’à nos jours», dit encore le général Boufrioua. Le dossier des essais nucléaires est l’un des principaux contentieux mémoriels entre Alger et Paris.