Rabat – La dynamique géopolitique au Moyen-Orient est appelée à changer suite à la signature d’un accord visant à rétablir les liens entre l’Arabie saoudite et l’Iran, prédisent des analystes et des personnalités locales.
L’accord a été signé vendredi à Pékin sous l’égide de la Chine, mettant fin à une rupture de sept ans entre les deux pays. Les deux ministres des affaires étrangères devraient discuter des missions diplomatiques au cours des deux prochains mois.
Les observateurs estiment que cet accord est particulièrement néfaste pour les États-Unis et Israël, car il porte un coup sévère à la domination américaine dans la région.
L’implication de la Chine dans l’accord est considérée comme particulièrement significative et comme un autre signe que Pékin s’impose comme une puissance internationale majeure, en particulier au Moyen-Orient, qui a toujours connu une forte implication américaine.
Si les Saoudiens n’ont pas perçu la signature de l’accord comme une rupture totale des relations amicales avec les États-Unis, elle est néanmoins considérée comme une étape importante dans la diversification de leurs relations.
“Ce n’est pas comme si l’Arabie saoudite n’était pas pleinement consciente que même une garantie chinoise a ses limites”, a déclaré Yasmine Farouk, chercheuse non résidente au Carnegie Endowment for International Peace, au New York Times.
“Les Saoudiens ont appris, ces dernières années, des leçons très difficiles, l’une d’entre elles étant que nous devons continuer à diversifier nos relations”, a-t-elle ajouté.
La préoccupation des États-Unis pour la guerre en Ukraine au cours de l’année écoulée a été un autre signe pour les pays du Moyen-Orient qu’ils devraient être plus dépendants d’eux-mêmes et les uns des autres, selon certains.
L’attitude de Riyad à l’égard de l’Iran a également évolué ces dernières années : alors que le prince héritier saoudien et dirigeant de facto Mohammed bin Salman comparait auparavant les dirigeants iraniens au régime d’Adolf Hitler, il a récemment montré qu’il était désormais ouvert à une résolution du conflit.
Malgré ce nouvel accord historique, les observateurs s’accordent à dire qu’il subsiste un niveau élevé de méfiance entre les deux pays, l’Arabie saoudite ne voulant pas s’exposer potentiellement aux sanctions américaines en commerçant avec Téhéran.
S’adressant à Al Jazeera, l’analyste politique Diako Hosseini a souligné que la guerre en cours au Yémen était un domaine où le rétablissement des relations pourrait avoir un impact, même si la conclusion d’un accord potentiel nécessiterait des “efforts continus et à long terme”.