Les sagas politique et judiciaire convergent lundi dans l’Entité israélienne, avec la reprise du procès pour corruption du premier ministre Benjamin Netanyahu et le début des consultations post-élections législatives afin que le président désigne un candidat pour former le prochain «gouvernement».
Les juges ont convoqué Benjamin Netanyahu, 71 ans dont quinze au pouvoir, au «tribunal de district de Jérusalem» pour les déclarations liminaires du parquet, nouvelle étape du premier procès d’un chef de «gouvernement israélien» en fonction.
Benjamin Netanyahu est accusé de corruption, fraude et abus de confiance dans trois affaires, des accusations qu’il nie fermement.
Tandis que le procureur principal Liat Ben-Ari, développera son propos contre le Premier ministre israélien le plus longtemps en fonction, le président Reuven Rivlin entamera à quelques kilomètres du «tribunal» des discussions de deux jours avec des responsables de partis, déterminantes pour l’avenir politique de Benjamin Netanyahu.
Le «Likoud», parti de droite de Netanyahu, est arrivé en tête des élections législatives du 23 mars – les quatrièmes en moins de deux ans — avec 30 sièges sur 120 à la «Knesset». Mais ce résultat, combiné à celui de ses alliés naturels, ne lui assure pas la majorité de 61 sièges pour former un «gouvernement» stable. Et face à lui, de nombreuses formations sont décidées à mettre fin à ses douze ans d’affilée de règne.
Faute de leader commun dans ce camp, Netanyahu pourrait toutefois obtenir le plus de recommandations, avec le soutien de seize députés des partis ultra-orthodoxes «Shass» et «Judaïsme unifié de la Torah», et six de l’alliance d’extrême droite «Sionisme religieux».
Habituellement, le candidat qui obtient le plus de recommandations est désigné et dispose de 28 jours pour former un «gouvernement», délai qui peut être allongé de quatorze jours par le président. Mais Reuven Rivlin a sous-entendu la semaine dernière que les calculs de sièges pourraient ne pas être le seul facteur déterminant sa décision et qu’il nommerait mercredi un député capable de «former un gouvernement qui guérira les divisions (…) et reconstruira la société».
«Des coalitions hors du commun pourraient être nécessaires pour sortir Israël de l’impasse», a-t-il ajouté.
Tâche compliquée
Étant donné l’acrimonie ouverte qui a régné par le passé entre Benjamin Netanyahu et Reuven Rivlin, le «Likoud» a interprété ces déclarations comme un signe de soutien tacite au camp anti-Bibi, surnom donné au Premier ministre par ses supporters.
Membre du «Likoud» quand il était député, Reuven Rivlin a été accusé par le parti d’outrepasser ses fonctions, surtout «honorifiques».
Dans le bloc opposé à Netanyahu, le centriste Yaïr Lapid mène la danse avec 17 sièges pour son parti «Yesh Atid». Mais la formation d’une coalition anti-Netanyahu nécessiterait une alliance improbable entre Yaïr Lapid, Gideon Saar, ancien ministre conservateur de Netanyahu, Naftali Bennett, chef de file de la droite radicale et ancien allié du Premier ministre, et d’autres partis du centre et de gauche.
Surprise du scrutin, la formation d’un «gouvernement» apparaît impossible des deux côtés sans un ultime soutien: celui du parti arabe «Raam» de Mansour Abbas qui a remporté quatre sièges et s’est dit ouvert aux discussions avec les deux camps. Mais le parti «Sionisme religieux» a déjà exclu de participer à un gouvernement aux côtés de «Raam», compliquant la tâche du Premier ministre sortant.
Si aucun des deux camps n’arrive à former une coalition, de nouvelles élections pourraient être convoquées, prolongeant la crise.
Dans l’immédiat, le procès de Benjamin Netanyahu ne menace pas ses ambitions puisqu’il n’aurait à démissionner qu’en cas de condamnation définitive et l’épuisement de tous les recours pourrait prendre des années.
La procédure entre toutefois lundi dans une phase plus intense avec la présentation des preuves.
Netanyahu pourra quitter le «tribunal» après les déclarations liminaires du parquet, quand l’audition des témoins commencera. Il pourrait alors se retrouver face à des manifestants qui réclament sa démission depuis des mois, en se réunissant chaque semaine devant sa résidence et devant le «tribunal» à chaque audience.
AFP