Le gouvernement américain de Joe Biden s’est abstenu, dans son rapport annuel sur les droits humains publié mardi, de parler explicitement de la Cisjordanie comme d’un «territoire occupé par Israël», une formulation abandonnée sous la présidence de Donald Trump.
La section du rapport qui était consacrée jusqu’au début du mandat de l’ex-président républicain à «Israël et les Territoires occupés» est intitulée cette année «Israël, Cisjordanie et Gaza».
Le changement sémantique est intervenu à partir du rapport publié en 2018. La plupart des observateurs y ont vu la volonté de l’administration Trump d’aller dans le sens de l’entité sioniste, une interprétation confirmée par la reconnaissance d’al-Qods occupée (Jérusalem) comme «capitale d’Israël», de la «souveraineté israélienne» sur le plateau du Golan syrien occupé, puis par la décision de ne plus considérer les colonies israéliennes en Cisjordanie occupée comme illégales, en contradiction avec le droit international.
Le premier rapport sur les droits humains présenté sous la présidence de Joe Biden — qui porte toutefois sur 2020 — était donc attendu pour voir s’il revenait à la formulation antérieure. Le nouveau président américain défend en effet la solution dite à «deux Etats, israélien et palestinien», et s’est démarqué en partie de la politique de son prédécesseur.
A défaut de revenir à l’appellation «territoires occupés», le département d’Etat américain a inséré un paragraphe expliquant que les mots utilisés «ne traduisent pas une position sur aucune des questions liées au statut final devant être négociées par les parties au conflit, notamment les frontières spécifiques de la souveraineté israélienne à Jérusalem, ou les frontières entre Israël et un futur Etat palestinien».
«Cette section du rapport couvre Israël», «ainsi que le plateau du Golan et les territoires de Jérusalem-Est qu’Israël a occupés pendant la guerre de juin 1967», estiment ses auteurs. «Les Etats-Unis ont reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël en 2017 et la souveraineté d’Israël sur le plateau du Golan en 2019», ajoutent-ils, sans revenir sur ces décisions.
Interrogée sur le choix de ne pas revenir aux formulations d’avant 2017, Lisa Peterson, chargée des droits humains au département d’Etat, a expliqué que les diplomates américains avaient «préféré s’en tenir à nouveau aux dénominations strictement géographiques», selon ses dires.
«C’est conforme à nos pratiques générales. Nous pensons aussi que c’est plus clair et plus utile pour les lecteurs qui recherchent des informations sur les droits humains dans ces zones», a-t-elle jugé en s’adressant aux journalistes.
AFP