Un tribunal birman a condamné lundi l’ex-cheffe du gouvernement civil Aung San Suu Kyi à quatre ans de prison pour incitation aux troubles publics et violation des règles sanitaires liées au Covid-19, a indiqué à l’AFP un porte-parole de la junte.
La prix Nobel de la paix, renversée par l’armée en février, «a été condamnée à deux ans de prison en vertu de la section 505(b) et à deux ans de prison en vertu de la loi sur les catastrophes naturelles», a déclaré à l’AFP Zaw Min Tun.
L’ancien président Win Myint a été condamné à la même peine, a-t-il dit, ajoutant qu’ils ne seraient pas conduits en prison pour le moment.
«Ils devront faire face à d’autres accusations depuis les lieux où ils séjournent actuellement» dans la capitale Naypyidaw, a-t-il ajouté, sans donner plus de détails.
Amnesty International a réagi, considérant que la junte Birmane tentait d’«asphyxier les libertés».
«Les lourdes peines infligées à Aung San Suu Kyi sur la base de ces accusations bidon sont le dernier exemple en date de la détermination de l’armée à éliminer toute opposition et à asphyxier les libertés en Birmanie», a déclaré l’ONG de défense des droits dans un communiqué.
Le gouvernement britannique a qualifié lundi de «tentative effroyable (…) d’étouffer l’opposition» la condamnation de l’ex-icône de la démocratie Aung San Suu Kyi.
«La condamnation d’Aung San Suu Kyi est une autre tentative effroyable du régime militaire de Birmanie d’étouffer l’opposition et de supprimer la liberté et la démocratie. Le Royaume-Uni appelle le régime à libérer les prisonniers politiques, à engager le dialogue et à permettre un retour à la démocratie», a déclaré dans un communiqué la ministre des Affaires étrangères Liz Truss.
Aung San Suu Kyi, âgée de 76 ans, est détenue depuis que les généraux ont renversé son gouvernement aux premières heures du 1er février, mettant ainsi fin à une brève parenthèse démocratique en Birmanie.
La junte a régulièrement accumulé les chefs d’accusation contre elle, dont la violation de la loi sur les secrets officiels, la corruption et la fraude électorale.
Elle risque des dizaines d’années de prison si elle est reconnue coupable de tous les chefs d’accusation.
Les journalistes n’ont pas le droit d’assister aux débats du tribunal spécial dans la capitale construite par les militaires, et les avocats de Suu Kyi se sont récemment vus interdire de parler aux médias.
Selon une ONG locale de défense des droits, plus de 1300 personnes ont été tuées et plus de 10.000 arrêtées dans le cadre de la répression de la dissidence depuis le coup d’État.
AFP