Rabat – Alors que le secteur du tourisme se remet lentement de la récession du COVID-19, les médias internationaux décrient les lois marocaines contre les relations sexuelles avant le mariage. L’obligation de produire une licence de mariage est un obstacle majeur au tourisme marocain, selon The Economist et Dmarge, qui citent des propriétaires d’hôtels marocains et des voyageurs internationaux.
Alors que le Maroc est généralement considéré comme un pays ayant une interprétation modérée des enseignements islamiques, l’utilisation continue par le pays d’une loi coloniale française interdisant les relations pré-maritales entrave le tourisme, déplorent les magazines.
L’année dernière, les Émirats arabes unis ont aboli leurs lois morales interdisant les relations pré-maritales et la cohabitation afin de stimuler le tourisme et les investissements étrangers. L’Inde a déclaré inconstitutionnelle sa propre loi coloniale interdisant les relations extraconjugales, et même l’Arabie saoudite envisagerait de lever son interdiction.
Les lois morales interdisant les relations pré-maritales, extra-maritales ou homosexuelles sont souvent des vestiges des régimes coloniaux du début des années 1900, mais la nature taboue du sexe a rendu les politiciens réticents à aborder le sujet et à révoquer ces lois souvent centenaires.
En juin 2020, le Botswana a annulé les lois de l’ère coloniale interdisant l’homosexualité, décrivant les lois comme une “importation britannique” qui a été mise en œuvre “sans la consultation des populations locales.” Ces lois de moralité découlent souvent d’un “concept puritain chrétien du sexe”, a expliqué le professeur Enze Han à la BBC.
Le magazine australien Dmarge a cité plusieurs voyageurs internationaux exprimant sur Twitter leur choc et leur déception face au fait que l’hospitalité légendaire du Maroc ne s’étend pas aux personnes qui pourraient être en violation de la loi qui date d’avant l’indépendance du Maroc.
The Economist a quant à lui cité les propos d’un hôtelier local : “Je reçois plus d’appels de couples non mariés souhaitant séjourner que n’importe qui d’autre. Je pourrais remplir mon hôtel à 100% si seulement ils levaient la loi”.
Les appels à la révocation de la loi sur les mœurs du Maroc s’inscrivent dans un contexte de tendances internationales, de considérations relatives aux droits de l’homme et de facteurs liés à l’économie et au tourisme. Au Maroc, la campagne #Stop490 a tenté de pousser les politiciens à abroger la loi.
Les militants locaux décrivent la loi comme une entrave fondamentale aux libertés des citoyens, tandis que les partisans de la loi coloniale française y voient un moyen pour l’État d’imposer les valeurs islamiques. L’universitaire marocaine et féministe islamique Asmae Lamrabet n’est pas d’accord avec cette évaluation et décrit la loi elle-même comme étant “en contradiction avec l’éthique musulmane et l’éthique en général”.
Le mouvement actuel de rejet de la loi intervient dans le contexte de la récente défaite électorale écrasante du Parti de la justice et du développement (PJD) et de l’élection d’une coalition gouvernementale autoproclamée progressiste.
De nombreux jeunes Marocains espèrent maintenant que le nouveau gouvernement inspirera – et gouvernera avec – un nouveau sens de la bravoure politique, dans un contexte d’étonnement national et international à l’égard des lois morales du Maroc.
Avec les facteurs économiques et le tourisme en tête, peut-être que 2022 apportera de nouvelles opportunités pour élargir les droits de l’homme et étendre la réputation du Maroc en tant que pays moderne et accueillant.