Fethi Slaouti, le ministre de l’éducation fait parler de lui, de temps à autre. Connu par son inertie envers les syndicats, il n’a pris aucune position vis-à-vis des menaces de boycott de la rentrée scolaire laissant à Taboubi le soin de lever le veto contre ceux qui voulaient marquer des points en annulant la rentrée après deux ans difficiles pour l’école publique.
Hier vendredi 10 septembre 2021, le ministre de l’Education, en visite à Sfax, où il a inauguré une école primaire et un lycée secondaire a annoncé le prochain recrutement de 2680 enseignants du secondaire.
Ces derniers seront recrutés parmi les diplômés en sciences de l’éducation, outre la régularisation de la situation professionnelles de 2580 enseignants suppléants.
Globalement, il s’agit de l’intégration d’un effectif au ministère de 5260 nouveaux fonctionnaires.
Toutefois, le ministre a « oublié » que le budget de son ministre n’a pas prévu des ressources qui permettront un tel recrutement massif faute de moyens, d’une part et dans un contexte où la Trésorerie de l’Etat est pratiquement à sec, d’autre part.
Rappelons que selon le document du budget de l’année en cours du ministère, le nombre des enseignants est 147607 répartis entre 72314 à l’enseignement primaire et 75293 à l’enseignement de base et au secondaire. Leur rémunération annuelle est estimée respectivement à 2225 et 3535 millions de dinars soit au total 5760 millions de dinars.
En moyenne, le coût annuel de recrutement des nouveaux enseignants sera d’environ 247 millions de dinars hors frais de logistique leur permettant de travailler ce qui représente 76% de tout le budget d’investissement du ministère. Sans commentaire.
La déclaration du ministre Fethi Slaouti est bizarre vu qu’elle émane d’un docteur en sciences économiques supposé connaitre les normes des finances et la comptabilité publiques.
Pour mémoire, cette année seuls 112 élèves sur environ 54000 qui ont passé le concours d’accès aux collèges pilotes tunisiens ont eu la moyenne en mathématiques soit 0,2% du total des candidats de ce concours national. Un vrai scandale surtout que les enseignants ont affirmé que l’épreuve des mathématiques n’était pas à la portée des élèves et ont accusé le ministère d’improvisation et de nonchalance totale.
Personne au ministère n’a commenté cette affaire inédite dans un concours national.
Il est à noter aussi, cet angle, que dans une déclaration à une radio locale jeudi 3 juin dernier, en marge de sa présence à la Direction générale des examens pour superviser les préparatifs du baccalauréat, Slaouti a confirmé que les examens se feront selon les programmes « allégés ».
Cet « l’allègement » qui a permis d’atteindre un taux de réussite au bac à 57,72% n’a fait qu’aggraver, selon des observateurs, la situation du secteur de l’éducation au point que l’orientation universitaire a complètement échouée et a contribué davantage à baisser le niveau des élèves déjà touchés par la suspension continue des cours revendiquées par les syndicats à cause de la pandémie…une suspension qui a réduit l’année scolaire dernière à 70 jours seulement.
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