Après plus d’une année d’interruption, les vols commerciaux reprennent enfin à l’aéroport international Houari Boumediène d’Alger. Une reprise extrêmement timide, cela dit, comme nous avons pu le constater hier, sur place.
Première image : l’immense parking de la nouvelle aérogare était vide, et seule une aile de l’aire de stationnement était occupée. Une file de taxis prenait position à l’endroit habituel qui lui est réservé, dans l’espoir de voir apparaître quelques clients. Mais les flux de voyageurs étaient bien faibles hier. «Il y a eu un seul vol ce matin pour Paris. Et il y a un vol retour l’après-midi, vers 15h», résume un confrère.
De fait, à notre arrivée versde 11h, il y avait un vol d’Air Algérie, à destination de Paris Orly, qui était prévu à 9h10, et qui a décollé sans encombre. A son bord, une soixantaine de passagers à peine. L’esplanade jouxtant l’aéroport est déserte. Nous empruntons l’ascenseur pour gagner le hall des départs. Devant le premier sas de contrôle bagage, point de passagers.
A peine avons-nous passé notre sac à dos au scanner que l’agent de police qui procède à la fouille corporelle nous lance : «Journaliste ?» Et de nous confier aux bons soins de ses collègues qui étaient occupés à vérifier les papiers professionnels d’autres confrères.
Un ordre de mission est exigé. Après les formalités de rigueur, nous voici enfin dans l’enceinte de l’aérogare. La grande salle est fraîche grâce à l’air conditionné, une température clémente qui contraste avec la chaleur accablante du dehors. La dernière fois où nous avions mis les pieds ici, c’était aussi pour un reportage.
C’était au tout début de la crise sanitaire, le 26 février 2020 précisément, et à l’époque aussi, l’aéroport était vide, et il y avait comme un vent de panique à cause du mystérieux virus qu’on découvrait à peine. Mais hier, même si l’immense hub était clairsemé, l’ambiance est beaucoup plus détendue. Sur le tableau électronique affichant les départs, deux vols seulement sont annoncés en tout et pour tout : un vol d’Air France pour Paris Charles de Gaulle prévu à 16h30 et un autre de la compagnie Transavia pour Paris Orly à 19h10.
Tous les comptoirs de toutes les compagnies chôment. Point de voyageurs se bousculant à l’enregistrement, exactement comme aux premiers jours après la suspension des vols. Cependant, on remarquera d’emblée une file de clients devant une agence d’Air Algérie venus acheter un billet pour l’une des quatre destinations disponibles, à savoir : la France, l’Espagne, la Turquie et la Tunisie.
Une petite foule de reporters, de photographes et de cameramen s’affaire autour de l’agence. Une jeune femme peste contre la compagnie nationale : «J’ai voulu faire une réservation pour un déplacement à Paris, l’agence m’a signifié qu’on ne pouvait m’assurer que l’aller, sans le retour. Et à quel prix !» Selon un autre client, le coût du billet en incluant les tests PCR et l’hébergement au retour s’élève à 104 000 DA.
Bloqué pendant plusieurs mois
Mohamed Boukhelouf, chef de la cellule de communication au niveau de la deuxième Brigade des frontières aériennes à l’aéroport international d’Alger, se montre disponible pour répondre aux questions des journalistes. «Suite à la décision prise par les hautes autorités du pays, il a été procédé à l’ouverture partielle des frontières
On a vécu aujourd’hui le départ du premier vol et on est en train d’attendre l’arrivée du premier vol, qui est prévu vers les coups de 15h10. Il y a tout un dispositif sécuritaire et de prévention qui a été mis en place, avec une application stricte du protocole sanitaire», souligne M. Boukhelouf. Interrogé au sujet des flux de passagers enregistrés, l’officier de police a répondu : «Pour ceux qui étaient au départ, il n’y avait pas beaucoup de voyageurs.»
Il rappelle que «les compagnies aériennes sont tenues de respecter le protocole sanitaire et d’observer le principe de distanciation physique. Donc, si un avion peut transporter 400 passagers, il n’en prendra que 200». «On compte beaucoup sur l’implication consciente des citoyens (…) pour participer à la prévention contre la propagation de cette épidémie», insiste-t-il.
Rappelons que le gouvernement a imposé un confinement de 5 jours dans l’un des lieux d’hébergement fixés par les autorités pour toute personne entrant sur le territoire national, les frais d’hébergement étant à la charge des voyageurs. Slimane est venu de Tizi Ouzou accompagner son père à l’aéroport. Leur vol est à 16h30, sur Air France. «Mais on a préféré démarrer tôt pour éviter les embouteillages, surtout qu’il y a des travaux près de Tadmaït», explique Slimane.
Le billet a coûté la bagatelle de 66 000 DA. «On a essayé de prendre un billet sur Air Algérie mais ce n’était pas possible», regrette notre interlocuteur. En plus du billet, le père de Slimane a fait le test PCR exigé pour monter dans l’avion. Le vieux monsieur, qui est résident à Paris, est resté plusieurs mois bloqué en Algérie à cause de la suspension des vols. Maintenant, il retrouve enfin son autre vie, et Slimane ne sait pas quand aura-t-il à nouveau le bonheur de retrouver son papa.
Plus de 7500 billets vendus par Air Algérie
Dans une longue interview accordée hier à la chaîne Echorouk TV, le porte-parole d’Air Algérie, Amine Andaloussi, est revenu abondamment sur ce début de reprise des vols réguliers. «Ce sont des vols partiels, exceptionnels pour répondre à des impératifs d’urgence», a-t-il tenu à préciser, citant notamment le cas des «étudiants algériens qui ont terminé leurs études dans plusieurs capitales et cette réouverture partielle des frontières leur permettra de rentrer au pays».
Le porte-parole d’Air Algérie a fait savoir que dès la réouverture des réservations dimanche, la compagnie nationale a été submergée, précisant que jusqu’à hier matin, «nous avons vendu plus de 7500 billets». «6400 places ont été réservées depuis l’étranger à destination de l’Algérie dès les premières heures de la reprise des réservations», a indiqué en outre Amine Andaloussi, ajoutant que «65% des réservations ont été faites via la plateforme numérique de la compagnie». Détaillant les conditions exigées pour pouvoir voyager, Amine Andaloussi a rappelé qu’un test PCR négatif réalisé 36 heures avant l’embarquement est demandé.
Les passagers en provenance de l’étranger sont tenus également de remplir une fiche sanitaire disponible sur le site de la compagnie. Elle permet d’assurer la traçabilité des éventuels cas de contamination.
Autre information à retenir : les passagers rentrant au pays sont accompagnés vers leurs lieux d’hébergement sitôt après avoir rempli les formalités douanières. Ils ne pourront retrouver leurs proches qu’à l’issue des cinq jours de confinement préventif prescrits et après avoir effectué un test antigénique. «C’est pour parer à tout risque de contamination», explique le représentant d’Air Algérie.
L’allégement de ces restrictions dépend du respect du protocole sanitaire, n’a cessé de marteler Amine Andaloussi. Le porte-parole d’Air Algérie a, par ailleurs, exhorté tous ceux qui ne sont pas obligés de se déplacer «pour une raison impérieuse» à prendre encore leur mal en patience. «Ce n’est pas une période de tourisme, il ne faut pas oublier que l’épidémie continue à sévir», répète-t-il.
Au demeurant, il convient de noter, comme l’a signalé Air Algérie sur sa page Facebook, que «l’entrée en France et en Espagne n’est pas autorisée pour les détenteurs de visa type C (visa