La dette des entreprises non financières chinoises est aujourd’hui la plus importante au monde, mais un risque de contagion de la Chine reste contenu. Ce n’est pas le cas des Etats-Unis. Pourtant, cela ne fait pas l’objet d’une grande attention.
La dette continue de progresser au sein de l’économie chinoise, notamment celle des sociétés non financières. Selon des données publiées par Capital IQ et consultées par l’Agence Ecofin, le montant total des sommes dues par celles-ci a atteint fin septembre 2021, l’équivalent de 26 700 milliards $. Cela représente 31% de l’ensemble de la dette des sociétés non financières dans le monde, et à l’échelle de la Chine, c’est 159% de son produit intérieur brut (PIB).
Ce n’est pas un petit problème, lorsqu’on sait que ce pays est la principale usine du monde avec ses pays satellites, et que de sa stabilité dépend une part notable des importations (11,5% en 2020) et des exportations globales (11% en 2018), allant des matières premières aux multiples produits finis. L’un des secteurs les plus touchés est celui de la construction, grand consommateur d’un minerai comme le fer ou encore le cuivre. Aussi, pour faire tourner les usines, il faut de l’énergie fournie par le pétrole ou le charbon.
Le risque pour l’Afrique, dont la Chine est le premier partenaire commercial est donc réel. Plusieurs médias de grande audience en Europe n’hésitent pas à rappeler ce risque à l’échelle du monde, et par conséquent, pour le continent africain, dont les populations ont souvent tiré profit des produits asiatiques à faibles prix, pour améliorer leurs capacités de consommation.
Malgré ces indicateurs, le risque de contagion des défis chinois à l’économie internationale est assez limité. Déjà, la majorité (en moyenne 90%, selon le type de dette) des investisseurs exposés à cette dette sont basés dans l’Asie Pacifique, avec une forte concentration sur la Chine et ses pays satellites. Aussi, une part conséquente de cette dette (plus de 80%) est libellée en yuan, la monnaie chinoise, qui ne représente que 2,6% de la demande monétaire dans le monde, selon des données du Fonds monétaire international (FMI) datant de septembre 2021.
Les Etats-Unis et l’Europe représentent une fois de plus des risques sur la stabilité financière internationale
Il n’en est pas de même pour la dette des deux autres partenaires économiques de l’Afrique que sont les Etats-Unis, et l’Europe. La dette des entreprises non financières dans ces deux économies représente 47% du total mondial. Selon des données de juin 2021, elle a progressé beaucoup moins vite que celle des sociétés chinoises, mais reste non négligeable.
Aussi, au-delà de la dette des sociétés non financières, il existe une dette des gouvernements. Pour ce qui est des USA, elle devrait atteindre 26 300 milliards $, selon les prévisions des analystes contre 12 600 milliards $ pour l’Etat chinois. La dette publique américaine n’est viable que parce que d’une part, sa Banque centrale peut la racheter. Plus de 4800 milliards $ ont ainsi été injectés par cette institution, depuis janvier 2020, pour stabiliser le marché de la dette aux USA, et la facture continue de grimper. Une solution peu utilisée par la Chine qui est pourtant un pays socialiste. Aussi, les administrations américaines successives jouissent de la possibilité du relèvement du plafond de la dette. Ce qui leur permet de toujours emprunter.
Le deuxième problème que pose la dette au sein de l’économie américaine, c’est la part due par les ménages. Les estimations la projettent à environ 17 400 milliards $, à fin 2021, contre un peu plus de 12 300 milliards $ pour la Chine. Ici, le défi c’est que l’économie ne jouit plus de la prospérité qui lui permettait de créer des emplois fortement rémunérés. La consommation a repris dans le pays, selon de récents chiffres officiels, mais elle est soutenue par une dette qui, à fin juin 2021, atteignait 15 000 milliards $, dans le cadre d’une hausse qui est la plus importante des 14 dernières années.
En plus d’être colossale, la dette au sein de l’économie américaine et de l’ensemble des pays européens est libellée en euro et en dollar, deux monnaies qui dominent les échanges mondiaux (près de 80% des réserves de valeurs mondiales), et sur laquelle la moindre instabilité a des répercussions pour l’ensemble de l’économie mondiale. Certains analystes estiment par exemple que la valeur du dollar est artificiellement maintenue à un bas niveau, au regard de l’inflation qui atteint désormais 6,5%, juste pour permettre au gouvernement fédéral américain d’emprunter à bas coût. Un choix qui dilue la hausse des prix des matières premières au profit des économies africaines.
agenceecofin