La DEPF établit une radioscopie des échanges commerciaux entre le Maroc et l’Inde. Ce pays qui représente 2,5% des échanges extérieurs du Maroc se veut l’une des grandes économies émergentes les plus dynamiques au monde. Dans son dernier profil-échanges, la DEPF examine les failles existantes sur le plan commercial entre le Maroc et l’Inde et trace les opportunités à saisir pour équilibrer la balance commerciale entre les deux pays qui ressort déficitaire de 2,9 milliards de dirhams en 2019 alors qu’elle était structurellement excédentaire sur les dernières années. Le taux de couverture est revenu à 74% en 2019 contre 157% en 2018, sachant qu’un pic de 256% a été atteint en 2011.
Pour rebooster ces échanges, la DEPF identifie les pistes de complémentarité commerciales envisageables entre les deux pays. Il ressort que le Maroc et l’Inde effectuent des échanges sur 5.269 produits. Pour 46% d’entre ces produits, les deux pays sont des importateurs nets. Chose qui exclut «a priori» des possibilités de complémentarité. Toutefois des opportunités de complémentarité non négligeables se présentent pour les deux parties, notamment en ce qui concerne les 5% de produits qui sont des spécialisations du Maroc et pour lesquelles l’Inde est un importateur net. Même constat pour les 31% des produits qui sont des spécialisations de l’Inde et qui constituent une opportunité de complémentarité du fait que le Maroc en est importateur net. En revanche, les possibilités de concurrence ne portent que sur 9% des produits.
Un taux d’accroissement moyen de 7,9% sur les 10 dernières années
Sur le plan commercial, l’Inde se positionne en tant que 11ème fournisseur et 7ème client du Royaume. Les échanges commerciaux entre les deux pays ont affiché une nette progression ces dernières années, soit un taux d’accroissement annuel moyen de 7,9% sur les dix dernières années. Ils ont atteint en 2019 une valeur globale de l’ordre de 19,4 milliards de dirhams, en hausse de 14,3% par rapport à 2018. Malgré cette progression, la balance commerciale Maroc-Inde continue de pencher en faveur des importations. «La forte progression des importations contraste, toutefois, avec la chute des exportations», peut-on lire du document de la DEPF. Et d’ajouter que «la part du Maroc sur le marché indien a diminué pour s’établir à 0,23% en 2019 contre 0,27% en 2009».
En termes d’exportations, le Maroc a réalisé en 2019 des expéditions de l’ordre de 8,2 milliards de dirhams, en repli de 20% et ce après une expansion de 61% en 2018. Une contraction qui s’explique par le repli de 27% des ventes d’engrais naturels et chimiques et ce en dépit de la hausse de 2,6% des expéditions de l’acide phosphorique et de 2% des phosphates bruts. «La modernisation du tissu productif et la montée en gamme des exportations marocaines se reflètent dans les échanges avec l’Inde.
Les exportations des produits «à technologie moyennement élevée» s’avèrent les plus importantes, avec une part de 78% dans les exportations totales vers l’Inde en 2018, contre 73% en 2012», lit-on de la DEPF. En 2019, les produits exportés sont constitués à hauteur de 70% d’acide phosphorique, suivis de 21% de phosphates bruts, de 4,3% d’engrais naturels et chimiques et 1,3% de ferraille. En parallèle, les importations en provenance de l’Inde ont progressé de 69% en 2019 atteignant ainsi une valeur globale de 11,1 milliards de dirhams. Ces achats sont constitués de 41% de produits énergétiques, de 22% de demi-produits, de 16% des produits finis d’équipement industriel, et de 13% de produits finis de consommation.
Les investissements indiens au Maroc en chute libre
Il est à noter que 200 entreprises indiennes opèrent ou commercent au Maroc. Elles sont localisées essentiellement dans les secteurs de l’automobile, du tourisme, de l’offshoring, des nouvelles technologies de l’information, des mines, de la chimie, du textile et dans l’industrie pharmaceutique. «Ces domaines constituent un gisement d’opportunités de nature à permettre au Maroc et à l’Inde d’élargir leurs intérêts économiques communs sur les marchés européens, arabes, africains et asiatiques», relève-t-on de la DEPF qui cite la joint-venture maroco-indienne établie entre le Groupe OCP et le groupe indien Birla comme exemple réussi de coopération économique entre les deux pays. Les investissements directs indiens au Maroc se sont inscrits en baisse de 70% en 2019 totalisant ainsi un flux de l’ordre de 180 millions de dirhams. «Les IDE reçus de l’Inde restent faibles par rapport au poids économique de ce pays (179 millions de dirhams en moyenne annuelle en 2009-2019, avec une part de 0,5%)», commente la DEPF dans ce sens. Parmi les investisseurs indiens au Maroc, on retrouve Tata Hispano Motors (automobile), les groupes Oberoi Hotels & Resorts, Berggruen et Tata (hôtellerie) ainsi que Tata Consultancy services (offshoring).