Le président Tebboune a annoncé qu’il comptait lancer une «réflexion nationale» sur la révision des subventions étatiques, un dossier sensible et complexe, après les élections législatives et locales. «Le projet est en cours d’élaboration, j’attends l’élection des assemblées – Parlement et assemblées locales – pour entamer une réflexion nationale, notamment avec les syndicats, le Conseil national économique, social et environnemental et les élus», a indiqué le chef de l’Etat dans un entretien accordé à l’hebdomadaire français Le Point.
Les autorités ont longtemps hésité à s’attaquer à ce système, qui, via la manne pétrolière, permettait d’acheter la paix sociale. Cette réforme, certains économistes la jugent indispensable, mais d’autres estiment qu’elle est inutile, voire socialement dangereuse.
Fin 2015, le gouvernement avait déjà évoqué un ciblage des subventions. Un projet resté sans suite. Début 2016, l’Exécutif avait déjà dû augmenter le prix de l’essence et d’autres produits énergétiques, pour la première fois depuis 2005. Le gouvernement Djerad a de nouveau remis ce projet sur le tapis.
En janvier dernier, le ministre des Finances avait affirmé que la révision de la politique des subventions de l’Etat, en vue de cibler les catégories sociales qui en ont le plus besoin, interviendra au plus tard le deuxième semestre de 2021. «Il n’est pas normal que les catégories aisées acquièrent les produits subventionnés au même prix que les citoyens à faible revenu», a-t-il estimé dans une déclaration à la Radio nationale, relevant «une injustice» dans la répartition de ce soutien. «Nous œuvrons pour que le soutien de l’Etat profite aux citoyens qui en ont le plus besoin», a-t-il dit.
Dans le cadre de la refonte du système des subventions, les pouvoirs publics ont déjà sollicité l’aide technique de la Banque mondiale afin de mettre en place un système de ciblage. La loi de finances prévoit pour l’année 2021 une enveloppe de 1960 milliards de dinars, soit 17 milliards de dollars, qui sera consacrée au soutien social, selon lui.
Les finances publiques grevées
A l’heure de la chute des prix du pétrole, qui assure 60% des recettes budgétaires, le système actuel grève les finances publiques. Il pèse pour près d’un quart dans le Budget de l’Etat.
Le soutien aux produits énergétiques, à savoir les carburants, l’électricité et le gaz, se taille la part du lion dans cette politique sociale, soit environ 15 milliards de dollars annuellement. Près de 5 milliards de dollars sont injectés en revanche sous forme de subventions à l’habitat et aux formules d’accès au logement, tandis que les familles et les produits de base bénéficient d’un soutien annuel d’environ 4,5 milliards de dollars, la santé (3,2 milliards de dollars), selon des chiffres officiels.
Par ailleurs, le président Tebboune a assuré que l’Algérie demeurera un Etat social, parallèlement au projet en cours relatif à la réforme de la politique de subvention des produits de première nécessité. «L’Algérie sera un Etat social ad vitam aeternam, parce que c’est une exigence de ceux qui se sont sacrifiés pour ce pays. La Déclaration du 1er Novembre 1954 préconisait la création d’un Etat démocratique et social.
Tel était le vœu de nos martyrs», a-t-il rassuré. Il a relevé qu’aux premières années de l’indépendance, «les millionnaires se comptaient sur les doigts d’une seule main.