La semaine dernière a marqué le soixantième anniversaire de l’indépendance de l’Algérie et du départ des colons français de ce pays en 1962. Ce qui a distingué cet anniversaire, c’est la nouvelle et ancienne tension entre les deux pays, qui a résulté d’une série de déclarations, de positions et de réactions entre eux.
La position de l’Algérie depuis son indépendance a été claire : nous sommes prêts à entretenir avec la France des relations normales et amicales fondées sur le respect mutuel, et le premier pas dans cette direction devrait être la reconnaissance par la France de ses atrocités et de ses crimes en Algérie. La France doit assumer son horrible passé colonial. Cette reconnaissance doit être suivie d’excuses et de compensations. 132 ans de mauvais colonialisme ne peuvent tout simplement pas être tolérés. À l’occasion de l’anniversaire du “jour de la victoire” nationale, le 19 mars 2022, le président algérien Abdelmadjid Tebboune a déclaré dans un message à son peuple : “Les crimes odieux du colonialisme ne seront pas oubliés et seront imprescriptibles”.
Les sujets les plus importants qui nécessitent une reconnaissance française sans équivoque sont :
-Les massacres et les tueries barbares commis par les autorités coloniales contre les Algériens. L’un des exemples les plus choquants de cette situation s’est produit en mai 1945. Tout a commencé lorsque les Algériens ont organisé de grands rassemblements populaires pacifiques, des rassemblements et des manifestations dans plusieurs villes pour demander l’indépendance et la libération des dirigeants nationaux emprisonnés. Les foules ont brandi des drapeaux nationaux algériens. La réponse française est dure et brutale. Utilisant des forces terrestres, aériennes et navales, l’armée française commence à tirer à balles réelles sur les manifestants, détruisant des villages et des quartiers entiers. On a vu des cadavres partout, s’empilant dans les rues et sur les places. Les autorités françaises ne se sont même pas souciées de les enterrer correctement et ont jeté des milliers de cadavres dans les vallées. Suite à ces massacres, entre 45 000 et 90 000 Algériens ont été tués, selon les différentes estimations.
-Le pillage systématique des richesses de l’Algérie pendant les années d’occupation, qui comprenait l’exploitation de mines d’or, de fer, de charbon et d’autres minéraux pour servir l’économie française, et l’octroi des terres agricoles les plus fertiles aux colons européens qui en sont issus. France, Italie, Espagne et Malte. En février 2021, une conférence s’est tenue à l’Université Emir Abdelkader en Algérie, au cours de laquelle des chercheurs et des historiens ont parlé des 110 tonnes de trésors algériens d’or, d’argent, de lingots et autres objets de valeur, évalués aujourd’hui à plus de 80 milliards de dollars, qui ont été pillés par la France.
érie d’essais nucléaires effectués par la France entre 1958 et 1962 dans la région de Reggane, dans le désert algérien, au sud du pays. À ce jour, l’Algérie continue de souffrir des effets des radiations nucléaires. Des taux élevés de malformations chez les nouveau-nés, de cancers, de maladies de la peau et d’autres maladies ont été signalés dans cette région. Selon plusieurs sources fiables, la France a procédé à au moins 17 explosions nucléaires en Algérie.
La lutte contre la culture algérienne et la langue arabe, la manipulation des composantes de la nation algérienne et la création d’un conflit national. Par exemple, la communauté juive a été séparée du reste du peuple algérien en accordant uniquement la citoyenneté française aux juifs et en excluant les musulmans. Aujourd’hui encore, la France continue de parrainer des mouvements berbères extrémistes et non nationaux hostiles à l’État algérien. Le président Abdelmadjid Tebboune a évoqué publiquement l’un des crimes de la France en 1832, lorsque celle-ci a décidé de transformer la Grande Mosquée de Catchaoua à Alger en cathédrale. Quatre mille Algériens se sont rassemblés à l’intérieur de la mosquée pour la défendre, et ils ont tous été tués par la France, selon M. Taboun. Ensuite, les soldats français ont brûlé les textes du Noble Coran et ont finalement transformé la mosquée en “église de Saint Philippe” !
Il existe trois autres dossiers remarquables relatifs à l’époque coloniale :
Les Archives nationales algériennes, qui comprennent des millions de documents, de dossiers et de cartes. La France refuse de les restituer.
La récupération des crânes des dirigeants de la révolution algérienne conservés au Musée de l’Humanité à Paris.
– Les disparus. Il y a environ 2 200 Algériens, pour la plupart des combattants et des dirigeants révolutionnaires, qui ont été enlevés et tués par les autorités coloniales françaises mais qui n’ont pas été enregistrés ni leur sort déterminé.
Du côté français, l’esprit d’arrogance coloniale persiste. La France refuse de reconnaître ses crimes et son histoire coloniale en Algérie. Contrairement à l’Allemagne, qui a courageusement affronté son histoire nazie, s’en est excusée et s’est réconciliée avec ses victimes en payant des réparations, la France affirme avec insistance que l’ère coloniale en Algérie est de l’histoire ancienne, qu’elle est terminée et qu’il n’y a aucune raison de regretter !
En effet, en 2005, le Parlement français (Assemblée nationale) a adopté une loi visant à “glorifier le passé colonial de la France”, et la seule objection du président Chirac à sa signature (en raison de calculs économiques et politiques) a été qu’elle ne l’était pas. publiée au Journal officiel pour devenir effective ! Lorsque l’ancien président français Nicolas Sarkozy s’est rendu en Algérie en 2007, la presse lui a demandé pourquoi la France refusait de présenter des excuses à l’Algérie pour les atrocités qu’elle avait commises pendant plus de 130 ans de colonialisme. Pendant les 132 années que la France a passées en Algérie.Je suis pour la reconnaissance des faits, pas pour la repentance. La repentance est un concept religieux qui n’a pas sa place dans les relations entre nations. Je ne suis pas venu ici pour blesser quelqu’un ou demander pardon. L’histoire fait partie du passé. Maintenant, construisons l’avenir”. Cela signifie que Sarkozy a dit aux Algériens : Pas d’excuses, pas de remords, et oublions le passé !
L’actuel président français, Macron, a fait un geste symbolique envers l’Algérie en 2020, bien qu’après quatre ans de tergiversations, lorsqu’il a permis le retour des restes et des crânes de 24 Algériens, parmi les plus de 500 tués par la France et leurs dépouilles. Ils étaient conservés là (pour que leurs tombes ne soient pas un symbole de la résistance en Algérie). Macron a également admis que des officiers français ont torturé et tué l’avocat algérien Ali Boumenjel en 1957. Il a même condamné les “crimes inexpliqués” lors de la campagne de 1961 contre les manifestants indépendantistes algériens à Paris (Macron ne parle que des événements qui ont eu lieu sur le sol français).
Mais ce geste positif a été rapidement effacé et inversé par Macron lui-même l’année suivante, en 2021, lorsqu’il a adopté deux très mauvaises attitudes envers l’Algérie ! La première, c’est lorsqu’il a fait sa tristement célèbre déclaration selon laquelle “il n’y avait pas de nation algérienne avant le colonialisme français” ! Il a ajouté, en accusant l’Algérie post-indépendance : “C’est ce régime qui a réécrit l’histoire coloniale française du pays par haine de la France.”La deuxième est son hommage public au “Hirak” et ses excuses officielles pour les mauvais traitements que la France leur a infligés. Il est même allé jusqu’à décerner à certains de leurs héritiers l’Ordre du Mérite et la Légion d’honneur, la plus haute distinction de l’État français ! Les Hirak sont en fait des traîtres algériens qui ont aidé l’occupant, combattu aux côtés de l’armée française et participé à des crimes contre leur propre peuple. Lorsque les Français se sont finalement retirés d’Algérie en 1962, 60 000 Hiraks sont partis avec eux. En d’autres termes, Macron, au lieu de s’excuser auprès de la nation algérienne pour les crimes de la France à son encontre, nie son existence et honore ensuite les meurtriers qui ont participé à ces crimes !
Cela dit, les relations entre l’Algérie et la France ne deviendront ni vraiment normales ni saines tant que la France persistera à rejeter les légitimes revendications algériennes et s’accrochera à sa vieille arrogance coloniale. L’Etat algérien, surtout ces dernières années, insiste plus que jamais sur ses droits historiques vis-à-vis de la France, et il n’y renoncera pas.