Après un peu plus d’une semaine de cessez-le-feu entre Israël et les groupes armés de la bande de Gaza, un calme relatif est revenu dans l’enclave palestinienne. Mais le bilan est lourd : plus de 250 morts, dont une soixantaine d’enfants, plus de 2 000 blessés et de nombreux bâtiments pulvérisés.
“A quel prix ? Aux prix du sang des martyrs”, juge cette habitante. “Et ensuite ? Rien. Tout reste pareil. A Al-Aqsa, à Sheikh Jarrah, à Jérusalem, dans les colonies. Rien ne change. Au bout du compte, ça ne vaut pas la peine.”
De nombreuses infrastructures comme les réseaux d’eau et d’électricité, ont été endommagés, tout comme des centres médicaux et des écoles. Selon la coordinatrice humanitaire des Nations Unies Lynn Hastings, interrogée par RFI, “800 000 personnes n’ont actuellement pas accès à l’eau courante”.
Les habitants se souviennent aussi de nuits de cauchemar qui risquent de les marquer à vie.“Je suis allée me coucher. Puis j’ai entendu l’explosion. J’ai fait mes dernières prières car j’étais sûr que j’allais mourir”, explique cette habitante. “Puis j’ai senti la maison de mon frère s’effondrer. J’ai regardé depuis le balcon de ma cuisine. Sa maison n’était plus là.”
Plus d’une semaine après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, et alors que les efforts diplomatiques se sont multipliés cette semaine, les tensions persistent. En Cisjordanie occupée, un Palestinien a été tué vendredi par des tirs de soldats israéliens lors d’un affrontement au sud de Naplouse, a rapporté le ministère palestinien de la Santé.
Zakariya Hmayel, 28 ans, a été touché par balles à la poitrine dans le village de Beita, au sud de Naplouse, lors d’une manifestation contre l’expansion de colonies israéliennes et l’installation d’avant-postes de colons sur des terres palestiniennes, a précisé le ministère dans un communiqué.
Que peut-on espérer de la diplomatie ?
Pour consolider la trêve, l’Egypte, principal médiateur, souhaite organiser au Caire une réunion inédite avec le Hamas, Israël et l’Autorité palestinienne, selon des médias israéliens. Le Caire n’a pas confirmé dans l’immédiat.
La tournée du Secrétaire d’État américain Antony Blinken, qui s’est rendu cette semaine à Jérusalem, Ramallah, Amman et au Caire, a marqué un réchauffement dans les relations avec les Palestiniens, mises à mal par l’administration de Donald Trump.
Antony Blinken a dit vouloir rouvrir le consulat à Jérusalem qui s’occupait des affaires palestiniennes jusqu’à sa fermeture en 2019. Il a estimé que “la solution à deux États” restait la seule option pour régler le conflit israélo-palestinien, alors que le processus de paix est suspendu depuis 2014.
Jeudi, le roi de Jordanie Abdallah II et le prince héritier d’Abou Dhabi, Mohammed ben Zayed Al-Nahyane, ont appelé à une coopération régionale et internationale pour relancer le processus de paix.
Mais pour Ephraïm Inbar, directeur du Jerusalem Institute for Strategy and Security, “Israël n’est pas prêt à revenir aux frontières de 1967”, ce qu’exigent les Palestiniens dans les négociations.
Enquête internationale
Jeudi le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a annoncé le lancement d’une enquête internationale sur les atteintes aux droits humains commises dans les territoires palestiniens occupés et en Israël.
“Les récentes frappes israéliennes sur Gaza peuvent constituer des crimes de guerre, s’il s’avère que les civils ont été touchés sans distinction”, a déclaré la Haute-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme Michelle Bachelet. Elle a indiqué ne pas avoir vu de preuve de la présence de groupes armés ou d’action militaire dans des bâtiments visés par Israël à Gaza, une des justification de l’Etat hébreu pour les détruire.
Une décision saluée par le Hamas, mais qualifiée au contraire de “décision honteuse” par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.