Les troupes du chef de l’Etat, Kais Saied, n’ont pas brillé par leur présence dans ce qui devait être une grande fête de la Révolution à la gloire de la nouvelle ère décrétée par le locataire du palais de Carthage. Mais l’opposition non plus n’a pas ébloui son monde, avec moins de 2000 manifestants au centre de Tunis malgré le grand battage médiatique. S’il y a un perdant dans cette affaire ce sont bien les adversaires du président de la République, car ce sont eux qui ont ameuté les citoyens pour contrer la toute-puissance, la dictature, l’autocratie et que sais-je encore. Kais Saied lui n’a rien demandé, n’a rien organisé, n’a appelé personne à sortir dans la rue le 17 décembre 2021. Il n’a même pas fait le déplacement à Sidi Bouzid, un autre coup qu’il a fait aux opposants qui l’y attendaient de pied ferme, après leur avoir retiré le tapis sous le pied le 13 décembre 2021. Les adversaires du chef de l’Etat, qui ne savent plus à quel saint se vouer, versent maintenant dans l’anachronisme, les confusions et les débordements de langage, s’enfonçant chaque jour un peu plus…
Adolf Hitler, Benito Mussolini, Joseph Staline, Mouammar Kadhafi, etc. On entend tout en ce moment sur le compte du président de la République. Tout et n’importe quoi. Manifestement ces Messieurs/Dames qui se dressent contre tout ce que fait et dit Kais Saied ont perdu l’inspiration. Comparer le chef de l’Etat au chantre du fascisme allemand, Hitler (1889-1945) ou sa copie italienne, Mussolini (1883-1945) c’est avoir un mépris profond pour l’histoire et faire montre d’un anachronisme, voire une ignorance totale qui n’honore pas ceux qui professent ces choses-là…
Hitler certes est lui aussi arrivé par la voie démocratique pour ensuite verrouiller complètement le système jusqu’à cette absurdité raciste et xénophobe qui a fini par la défaite et la destruction de l’Allemagne en 1945. Mais la responsabilité est partagée puisque ce sont les citoyens allemands qui ont élu Hitler et ont applaudi des deux mains à toutes ses dérives folles. Peut-on comparer le peuple allemand de l’époque à la population tunisienne qui a élu Saied ? Sans doute non, mais c’était juste pour montrer les limites des comparaisons insensées et des anachronismes dangereux auxquels se livrent les opposants du chef de l’Etat…
Idem pour Staline (1878-1953), tristement célèbre pour ses goulags qui ont occis des millions de citoyens soviétiques (surtout ceux que le cruel despote considérait comme ses opposants), tuant autant de personnes que la guerre contre les Allemands. Y a-t-il des goulags en Tunisie ? Pas à notre connaissance. De toute façon s’il y en avait les opposants du chef de l’Etat n’auraient pas le temps et le loisir de débiter autant d’inepties dans les plateaux de radio et de télévision…
Ils n’ont toujours pas compris que leur problème n’est pas Kais Saied mais les citoyens-électeurs. Ce sont ces derniers qui ont vomi toute la classe politique, sans exception, à part peut-être Abir Moussi. Si les politiciens ne s’étaient pas autant discrédités avec ces scènes inouïes au sein du Parlement, devant les caméras du pays, Kais Saied n’aurait jamais pu les atteindre. S’ils n’avaient pas complètement disparu dans le coeur des Tunisiens, rien n’aurait pu les frapper le 25 juillet 2021. Le président de la République n’a fait que profiter de cette disgrâce, exactement comme le ferait Nicolas Machiavel (1469-1527). Je le dis dans le sens où ce théoricien du pragmatisme dans la politique et les relations internationales savait très bien décortiquer le jeu de la concurrence et surtout comment profiter des faiblesses de l’adversaire. Je mets de côté les autres aspects plus sombres de ses écrits qui faisaient l’apologie de la tyrannie et de l’absolutisme…
Même si Kais Saied rouvrait aux députés la porte de leur paradis perdu – l’ARP – il est très probable que les citoyens s’y opposeraient, avec tous les débordements imaginables et potentiellement mortifères pour la jeune démocratie. Il ne reste qu’une seule chose à faire pour les opposants : Trouver une façon intelligente d’exister, en attendant que l’orage passe. Moussi a manifestement fait le deuil de sa tribune – le Parlement – pour de bonnes raisons, et s’est rabattu sur la rue pour que personne ne l’oublie. Elle fait comme elle peut, avec certes un combat d’arrière-garde par moments puérile, mais elle a le mérite de se faire entendre et joue crânement ses chances pour les prochaines échéances électorales. Ses collègues opposants feraient mieux d’inventer des stratégies habiles pour tenir dans la durée jusqu’en décembre 2022…
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