Rabat – Plusieurs responsables politiques algériens ont condamné la condamnation de Fethi Ghares, l’un des fondateurs du Mouvement démocratique et social (MDS), à deux ans de prison.
Un tribunal d’Alger a condamné l’homme politique et militant de gauche le dimanche 10 janvier.
Le verdict a suscité la colère dans le paysage politique algérien, de nombreux partis politiques et organisations de la société civile dénonçant ce qui est perçu comme un procès politique et le manque croissant de liberté d’expression et de justice en Algérie.
TSA, un média algérien, a cité le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Mohcine Belabbas, qui a qualifié la sentence de “scandale politico-judiciaire”.
Il a déclaré que la condamnation de Ghares “renforcera la méfiance du peuple algérien envers la justice de notre pays.”
Ghares a été condamné pour plusieurs chefs d’accusation, notamment la diffusion de publications qui, selon les autorités, portaient atteinte à l’intérêt national, et le partage d’informations qui auraient porté atteinte à l’unité nationale.
Le Front des forces socialistes (FFS) a dénoncé le verdict et l’utilisation croissante par l’establishment algérien du pouvoir pour criminaliser l’action politique, affirmant qu’il s’agit d’un “terrible déclin du climat des libertés individuelles et collectives dans notre pays.”
Zoubida Assoul, présidente de l’Union pour le changement et le progrès (UCP), a également condamné la sentence, accusant le gouvernement de tenter de briser l’opposition.
“La condamnation de Fethi Ghares à 2 ans de prison est la preuve de l’instrumentalisation du pouvoir judiciaire par le pouvoir politique pour briser l’opposition, mais aussi un signe de la fragilité du système en place”, a-t-elle déclaré.
L’Algérie fait l’objet de vives critiques pour une vague d’arrestations arbitraires visant des militants et des dissidents, ainsi que pour l’absence de réformes politiques significatives malgré les protestations populaires contre le pouvoir en place.
Récemment, les experts des droits de l’homme de l’ONU ont publié un rapport accusant l’Algérie d’utiliser les lois antiterroristes contre les activistes engagés dans le mouvement Hirak.
Le mouvement Hirak a débuté après que l’ancien président Abdelaziz Bouteflika a annoncé sa décision de briguer un cinquième mandat dans un contexte de troubles politiques.
Furieux de cette décision, les Algériens sont descendus dans la rue pour demander la démission de Bouteflika et une “rupture générationnelle” dans le paysage politique de leur pays.
Les protestations se sont poursuivies même après l’entrée en fonction du président Abdelmadjid Tebboune en 2019, de nombreux militants des droits de l’homme et manifestants du Hirak considérant sa gouvernance comme une extension du régime précédent.