Taille de la délégation ministérielle française, « provocation » sur la question du Sahara, « armada de journalistes » parisiens, soutien au mouvement pro-démocratie du Hirak… les médias algériens tirent samedi à boulets rouges sur Paris, après l’annulation à la demande d’Alger de la visite prévue ce week-end du Premier ministre français Jean Castex.
« On est en droit de s’interroger sur le jeu trouble des autorités françaises », écrit l’éditorialiste du quotidien francophone El Watan sous le titre: « Graves hostilités françaises ».
« Le report de la visite de Castex confirme la profondeur du fossé entre l’Algérie et la France: la rupture s’amplifie », renchérit le plus fort tirage arabophone, El Khabar.
Le déplacement de Jean Castex, prévu dimanche à l’occasion d’un comité intergouvernemental franco-algérien (CIHN), a été reporté sine die jeudi soir à la demande de la partie algérienne.
Si le gouvernement algérien n’a fourni aucune explication, des sources concordantes françaises et algériennes ont attribué cette annulation surprise à la taille de la délégation ministérielle française, réduite à trois ou quatre membres du gouvernement en raison de « la crise sanitaire », jugée insuffisante par Alger.
Lors du dernier CIHN à Paris en 2017, la délégation algérienne était composée de huit ministres, rappelle la presse.
Autre pomme de discorde: la question épineuse du Sahara, qui oppose depuis des décennies le Maroc aux indépendantistes du Front Polisario.
La République en Marche (LREM), le parti macroniste, a annoncé jeudi la création d’un comité de soutien à Dakhla, dans l’ex-colonie espagnole, en majeure partie sous contrôle du Maroc. Une ligne rouge pour Alger qui soutient le Polisario.
Le même jour, souligne El Watan, le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, a réitéré « le soutien de la France au plan d’autonomie marocain comme une base sérieuse et crédible » pour régler ce conflit, lors d’un entretien avec son homologue marocain Nasser Bourita. Une autre ligne rouge pour Alger.
Dans un entretien accordé à El Khabar, Hasni Abidi, directeur du Centre d’études et de recherches sur le monde arabe et méditerranéen (CERMAM) à Genève, assure qu »un « courant anti-algérien a voulu faire capoter la visite ».
Pour lui, ni la version française sur le report — « le contexte sanitaire » du Covid-19 — ni celle avancée en coulisses par Alger sur la taille de la délégation, ne sont crédibles.http://www.elwatan.com