Le parti islamiste traverse une crise sans précédent. Les récentes démissions de deux de ses ténors, le ministre d’Etat Mustapha Ramid et le président du Conseil national, ne sont que l’arbre qui cache la forêt. Depuis plusieurs semaines, le PJD vit au rythme de démissions à toutes les échelles.
C’est un séisme de grande magnitude qui frappe au cœur du PJD. D’abord, c’est Mustapha Ramid, numéro 2 du gouvernement, qui présente sa démission au chef de l’Exécutif pour des raisons de santé, tout en lui assurant une large diffusion sur les réseaux sociaux. Peu après, c’est le numéro 2 du parti, cette fois, soit Driss El Azami, un proche de Benkirane, qui renonce à son poste de président du Conseil national et, de ce fait, à son statut de membre du secrétariat général. C’est un événement que la presse nationale ne saurait passer sous silence. Après tout, il s’agit du parti qui dirige le gouvernement.
Les deux démissions, estime ainsi le quotidien Al Massae dans son édition du lundi 1er mars, ont ébranlé l’édifice du PJD, et ce à quelques mois seulement des prochaines élections générales. En réalité, relève le quotidien, c’est toute une série de désaccords et de différends plus au moins profonds qui ont fini par remonter à la surface quand le gouvernement a décidé de mettre dans le circuit législatif un projet de loi sur la dépénalisation du cannabis. Mais là n’est pas la seule cause. En effet, depuis la signature par le chef du gouvernement de la déclaration tripartite Maroc-Etats-Unis-Israël, rien ne va plus au sein de la direction du parti islamiste et entre celle-ci et ses bases.
Depuis, d’autres dirigeants du parti ont annoncé leur démission des instances dirigeantes ou le gel de leurs activités au sein de la formation islamiste. Au sein du parti, on estime, en effet, note le quotidien, que c’est à cause de ce genre d’initiatives que la popularité du PJD se dégrade à vue d’œil. Citant le premier secrétaire de l’USFP, Driss Lachguar, le quotidien Assabah estime, dans son numéro du même jour, que c’est plutôt la course aux «multiples privilèges» qui a fait éclater le parti. Les intérêts individuels, les luttes de pouvoir, la course aux hauts postes aux mandats électifs avec les privilèges qu’ils offrent, aussi bien en argent qu’en nature, tout cela a attisé les conflits au sein du PJD, précise la même source.
D’après Driss Lachguar, nous venons d’assister à la démission d’un membre du gouvernement et à celle d’un président de l’instance décisionnelle d’un parti. Tous les deux étant de la même formation, c’est un événement qui mérite que l’on s’y attarde. Ignorer ce genre de faits reviendrait à dénigrer l’action politique et partisane. Or, partout dans le monde, estime le dirigeant socialiste, les partis connaissent, à un certain moment de leur évolution, une ascension fulgurante et un poids politique démesuré, avant de retrouver leur dimension réelle. C’est sans doute le cas du PJD aujourd’hui.
Quoi qu’il en soit, note pour sa part le quotidien Al Akhbar dans son édition du même jour, le PJD traverse une crise organisationnelle sans précédent. D’après le quotidien, la démission de Ramid et d’El Azami n’est que l’arbre qui cache la forêt. Depuis plusieurs semaines, relève Al Akhbar, le PJD vacille au rythme des démissions. Cette vague a emporté aussi bien les militants de base, les responsables locaux du parti à travers le pays, que les élus locaux pour affecter, aujourd’hui, le premier cercle du pouvoir au sein du parti. Toutefois, note le quotidien, si la démission de l’ancien ministre délégué au Budget sous le gouvernement Benkirane, Driss El Azami, semble pour l’instant définitive, ce n’est peut-être pas le cas de celle du ministre d’Etat, Mustapha Ramid