Les propos du président tunisien Kais Saied à l’égard des migrants d’origine subsaharienne “ont fait beaucoup de mal”, a jugé lundi la secrétaire générale de la Francophonie, Louise Mushikiwabo, se disant “choquée” par le discours du chef de l’Etat.
“Les propos du président tunisien ont révolté beaucoup d’Africains, dont moi-même qui suis originaire d’Afrique subsaharienne et qui ai vécu et travaillé en Tunisie”, a déclaré Mushikiwabo, de nationalité rwandaise, sur TV5monde.
J’ai eu l’occasion d’exprimer mon mécontentement au président Saied”, a déclaré la présidente de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), expliquant qu’elle lui avait envoyé “une longue lettre”. Mushikiwabo avait coprésidé avec Saied le dernier sommet de la Francophonie en novembre 2022 à Djerba, une île tunisienne située dans l’est du pays.
Le 21 février, Saied a affirmé que la présence de “hordes” d’immigrés clandestins originaires d’Afrique subsaharienne était source de “violence et de criminalité” et faisait partie d’une “entreprise criminelle” visant à “modifier la composition démographique” du pays.
Suite à ces propos, de nombreux immigrés ont été la cible d’agressions et des centaines d’entre eux ont demandé à leur ambassade d’être rapatriés dans leur pays. “Nous ne parlons pas de hordes pour les humains”, s’est exclamée Louise Mushikiwabo.
“Le fait qu’il y ait un problème d’immigration clandestine, c’est normal qu’un chef d’Etat en parle, mais j’ai trouvé ses propos extrêmement choquants et j’espère qu’on va essayer de faire le ménage, mais ça a fait très mal”, a-t-elle ajouté.
Critiqué par de nombreuses ONG, le président Saied a déclaré que son objectif était de faire respecter “la légalité tunisienne à l’égard des étrangers”. Dans un apparent souci d’apaisement, il a également déclaré que les Africains présents en Tunisie étaient des “frères”, et son gouvernement a annoncé des mesures en faveur des étudiants et des migrants subsahariens.